L’indépendance du SPVM
Plusieurs ont oublié une des déclarations les plus controversées de la dernière campagne électorale.
Le candidat vedette Ian Lafrenière, ancien porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), avait déclenché une tempête en déclarant : « Ce que j’ai détesté le plus dans mon travail de policier, c’était l’ingérence politique. Alors je vais m’assurer de ne pas faire cela. »
Propos ambigus. Les libéraux, outrés, s’étaient sentis visés !
L’ancien haut gradé parlait-il du SPVM seulement… ou des nombreux soupçons d’ingérence politique dans les affaires policières et judiciaires ayant marqué la décennie libérale que nous pourrions résumer ainsi : Bastarache-charbonneau-dpcp- Mâchurer ?
Lafrenière avait finalement rétropédalé, précisant qu’il n’évoquait que les faits entourant la création de la commission Chamberland. Bref, le triangle orageux entre l’ex-maire Denis Coderre, ses forces de l’ordre et les journalistes.
PROJET DE LOI 1
Aujourd’hui dans l’opposition, ce sont les libéraux qui s’amusent à mettre les caquistes au défi. Et ce n’est pas inintéressant.
Dans le débat sur le projet de loi 1 du gouvernement Legault, ils demandent à la CAQ de respecter sa promesse et de faire en sorte que le patron du SPVM soit nommé par les deux tiers de l’assemblée nationale.
En effet, le gouvernement fait cheminer en cinquième vitesse un projet de loi phare – symboliquement nommé no 1 –, car il marque la rupture que la CAQ, justement, veut opérer avec les années Bastarache-charbonneau-dpcp- Mâchurer.
Les changements qu’ils préparent ne sont pas anodins. Une fois adoptée, la « loi 1 » ferait en sorte, entre autres, que le patron de L’UPAC, le directeur général de la Sûreté du Québec et le directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) soient nommés aux deux tiers de l’assemblée nationale.
Mais pas le patron de cet énorme corps de police qu’est le SPVM. Pourquoi ? Le gouvernement a-t-il reculé à la suite de l’« ingérence de la part de la Ville de Montréal ? » s’interroge – sans rire – la libérale Christine St-pierre ?
Remarquez, cela ne serait pas étonnant. Montréal doit y voir une brèche à son autonomie de « gouvernement de proximité ». C’est elle qui nomme son chef de police.
Notons toutefois que le Conseil des ministres à Québec doit l’approuver ! Et c’est ce même Conseil des ministres, rappelons-nous, qui a dû mettre ce même corps de police en tutelle, l’an dernier !
En somme, que désormais la nomination à la tête du SPVM doive être ratifiée par une majorité des deux tiers de l’assemblée nationale semble logique. Cela réduirait l’influence des guerres de clan dans cette nomination clé.
En terminant, rappelons cette autre phrase de M. Lafrenière : « J’ai adoré la police et je commence à m’initier à la politique et je vous fais la promesse que les deux ne vont pas ensemble. »
Pourquoi ne pas aller au bout de la logique et faire en sorte que le patron du SPVM soit nommé aux deux tiers ?