Le Journal de Quebec

L’indépendan­ce du SPVM

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

Plusieurs ont oublié une des déclaratio­ns les plus controvers­ées de la dernière campagne électorale.

Le candidat vedette Ian Lafrenière, ancien porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), avait déclenché une tempête en déclarant : « Ce que j’ai détesté le plus dans mon travail de policier, c’était l’ingérence politique. Alors je vais m’assurer de ne pas faire cela. »

Propos ambigus. Les libéraux, outrés, s’étaient sentis visés !

L’ancien haut gradé parlait-il du SPVM seulement… ou des nombreux soupçons d’ingérence politique dans les affaires policières et judiciaire­s ayant marqué la décennie libérale que nous pourrions résumer ainsi : Bastarache-charbonnea­u-dpcp- Mâchurer ?

Lafrenière avait finalement rétropédal­é, précisant qu’il n’évoquait que les faits entourant la création de la commission Chamberlan­d. Bref, le triangle orageux entre l’ex-maire Denis Coderre, ses forces de l’ordre et les journalist­es.

PROJET DE LOI 1

Aujourd’hui dans l’opposition, ce sont les libéraux qui s’amusent à mettre les caquistes au défi. Et ce n’est pas inintéress­ant.

Dans le débat sur le projet de loi 1 du gouverneme­nt Legault, ils demandent à la CAQ de respecter sa promesse et de faire en sorte que le patron du SPVM soit nommé par les deux tiers de l’assemblée nationale.

En effet, le gouverneme­nt fait cheminer en cinquième vitesse un projet de loi phare – symbolique­ment nommé no 1 –, car il marque la rupture que la CAQ, justement, veut opérer avec les années Bastarache-charbonnea­u-dpcp- Mâchurer.

Les changement­s qu’ils préparent ne sont pas anodins. Une fois adoptée, la « loi 1 » ferait en sorte, entre autres, que le patron de L’UPAC, le directeur général de la Sûreté du Québec et le directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) soient nommés aux deux tiers de l’assemblée nationale.

Mais pas le patron de cet énorme corps de police qu’est le SPVM. Pourquoi ? Le gouverneme­nt a-t-il reculé à la suite de l’« ingérence de la part de la Ville de Montréal ? » s’interroge – sans rire – la libérale Christine St-pierre ?

Remarquez, cela ne serait pas étonnant. Montréal doit y voir une brèche à son autonomie de « gouverneme­nt de proximité ». C’est elle qui nomme son chef de police.

Notons toutefois que le Conseil des ministres à Québec doit l’approuver ! Et c’est ce même Conseil des ministres, rappelons-nous, qui a dû mettre ce même corps de police en tutelle, l’an dernier !

En somme, que désormais la nomination à la tête du SPVM doive être ratifiée par une majorité des deux tiers de l’assemblée nationale semble logique. Cela réduirait l’influence des guerres de clan dans cette nomination clé.

En terminant, rappelons cette autre phrase de M. Lafrenière : « J’ai adoré la police et je commence à m’initier à la politique et je vous fais la promesse que les deux ne vont pas ensemble. »

Pourquoi ne pas aller au bout de la logique et faire en sorte que le patron du SPVM soit nommé aux deux tiers ?

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 ??  ?? « Ce que j’ai détesté le plus dans mon travail de policier c’était l’ingérence politique », avait déclaré Ian Lafrenière.
« Ce que j’ai détesté le plus dans mon travail de policier c’était l’ingérence politique », avait déclaré Ian Lafrenière.

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