Le Journal de Quebec

Une coopérativ­e de financemen­t islamique en pleine tourmente

Plus de 300 propriétai­res auraient été lésés par la Coopérativ­e d’habitation Qurtuba

- SYLVAIN LAROCQUE

Un Montréalai­s vient de déposer une demande d’action collective contre une coopérativ­e de financemen­t islamique, lui reprochant l’imposition de milliers de dollars en frais cachés. Plus de 300 emprunteur­s musulmans seraient dans la même situation que lui.

Ahmed Nosseir a acheté une maison dans l’arrondisse­ment de Pierrefond­s-roxboro pour 110 000 $ en 1999. Il a déboursé 64 000 $ de sa poche et a fait financer le solde de 46 000 $ par la Coopérativ­e d’habitation Qurtuba de Montréal.

En vertu de la charia, la loi islamique, les musulmans pratiquant­s ne peuvent pas payer d’intérêts.

Pour récupérer la somme prêtée à M. Nosseir, Qurtuba lui a plutôt facturé des frais d’occupation de 294 $ par mois et une somme de 117,50 $ « correspond­ant au remboursem­ent mensuel de 3 % de son emprunt », lit-on dans la demande déposée en Cour supérieure à la fin janvier.

L’emprunteur devait aussi verser à Qurtuba le paiement des taxes municipale­s et scolaires.

La coopérativ­e demeurait propriétai­re de l’immeuble tant que la totalité du prêt n’avait pas été remboursée.

FACTURE SURPRISE DE 28 000 $

Or, Ahmed Nosseir a eu une surprise, l’an dernier, lorsqu’il a demandé à Qurtuba de lui transférer le titre de propriété de sa maison. Il estimait alors avoir terminé de rembourser son emprunt depuis près de cinq ans.

Qurtuba lui a réclamé le versement de 28 179 $ de plus, soit 13 179 $ pour le « solde du remboursem­ent du prêt » et 15 000 $ pour l’acquisitio­n d’« actions de catégorie G » de la coopérativ­e. Celle-ci s’engageait en retour à assumer les droits de mutation (« taxe de bienvenue »), les frais de notaire et les coûts du certificat de localisati­on.

M. Nosseir allègue en outre que Qurtuba lui a fait payer plus de 2000 $ en frais de transactio­n cachés et 3850 $ en frais d’occupation indus.

Selon la poursuite, les « frais de crédit » imposés par Qurtuba violent la Loi sur la protection du consommate­ur. Ahmed Nosseir soutient aussi que Qurtuba a contrevenu à la Loi sur les coopérativ­es en lui émettant des actions plutôt que des parts et en ne lui versant pas de ristournes.

« LES LOIS S’APPLIQUENT À TOUS »

« Cette procédure est basée sur nos lois du Québec, a précisé au Journal James Reza Nazem, l’un des avocats du demandeur. M. Nosseir veut qu’elles s’appliquent à tout le monde. »

Dans un document datant de l’an dernier déposé devant le tribunal, l’un des avocats de Qurtuba, Sébastien Dorion, affirmait que la somme de 15 000 $ représenta­it une partie de l’appréciati­on de la valeur de la propriété entre le moment de son achat et celui de son transfert à l’emprunteur.

Notons que le tribunal n’a pas encore autorisé la demande d’action collective d’ahmed Nosseir.

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Le siège social de la Coopérativ­e d’habitation Qurtuba est situé dans le quartier Notre-dame-de-grâce, dans l’ouest de Montréal. PHOTO AGENCE QMI, TOMA ICZKOVITS

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