Des vies brisées à tout jamais
Blackbird est un huis clos intense et à fleur de peau
Huis clos intense et rempli de tension, Blackbird aborde avec énormément de réalisme les blessures générées à la suite d’une liaison interdite entre un homme d’une quarantaine d’années et une jeune fille de 12 ans.
À l’affiche jusqu’au 23 février à Premier Acte, la pièce du dramaturge écossais David Harrower est une énorme bombe théâtrale qui nous explose, avec fracas, en plein visage.
Blackbird raconte le face-à-face entre Una et Ray qui se retrouvent 15 ans plus tard.
L’homme, qui s’appelle maintenant Peter, a purgé une peine de six ans de détention. Il a été libéré après avoir passé quatre années derrière les barreaux, il est en couple et il essaie de refaire sa vie. Una, qui a aujourd’hui 22 ans, le retrouve et elle va à sa rencontre, sur son lieu de travail, afin d’obtenir des réponses à ses questions.
Blackbird se déroule dans une salle d’employés déserte d’une entreprise, où Ray occupe un emploi.
L’homme ne veut pas de cette rencontre inattendue. Il n’a pas envie de revoir Una et de ressasser ce passé qu’il tente de fuir et d’oublier. Il est méfiant et sur ses gardes. Il souhaite vivre sa vie en paix, mais la jeune femme, visiblement troublée, insiste. La confrontation s’installe.
La pièce est puissante. L’histoire se dévoile, lentement, sans prendre parti pour un côté ou pour un autre. On découvre ce qui a uni l’homme et la jeune femme, ce qui les a séparés et ce qui a mené à l’arrestation de Ray.
TROUBLANTE ET FRAGILE
Blackbird ne juge pas les intentions et les gestes qui ont été posés. La pièce expose les faits, la situation et des perceptions différentes. Ray pensait que… Una croyait que… La jeune comédienne Gabrielle Ferron, issue de la promotion 2016 du Conservatoire d’art dramatique de Québec, offre une performance magistrale dans le rôle de Una.
Elle est criante de vérité, fragile, troublante, touchante et bouleversante dans le déploiement de ses émotions, sans jamais surjouer ou tomber dans la caricature.
Réjean Vallée l’est tout autant lorsqu’il raconte, à son tour, sa version des choses. Les deux comédiens bénéficient de belles plages de jeu pour exposer leur talent.
On a aussi droit à des moments d’intensité où le jeu physique est à la puissance 10. On se bouscule et c’est fait de façon hyper réaliste.
La mise en scène d’olivier Lépine est sobre. La lumière est vive et tout repose sur l’histoire et sur deux comédiens qui offrent une performance de très haut niveau.
Blackbird est une réussite. Une des bonnes pièces de la saison 2018-2019. Le sujet est fort et il résonne.