Sortie scolaire au Apple Store
La pertinence de ces activités scolaires au temple du iphone est remise en question
Un père de famille dénonce les « sorties éducatives » organisées par des écoles de niveau primaire et secondaire dans les magasins Apple, où les élèves sont invités à manipuler les produits et à s’initier au codage informatique sur une application de la marque à la pomme.
Boris Dolivet s’est senti « pris en otage » lorsque sa fille Lou, 10 ans, est revenue de l’école l’automne dernier avec une lettre annonçant que sa classe de l’école primaire Marguerite-bourgeoys, à Montréal, participerait à une sortie au magasin Apple.
« Puisque ton enfant sait que tous les autres élèves y vont, ça devient difficile de lui dire non », raconte ce bédéiste qui publie sous le nom d’eldiablo. La même situation s’était produite au printemps précédent avec son autre fille, Paola, âgée de 11 ans.
« Je ne vois pas du tout le côté éducatif de ces sorties, à moins que ce soit pour leur apprendre à réclamer des produits Apple », souligne-t-il.
Comme de fait, sa fille lui a demandé d’acheter un iphone après l’activité au magasin. Quant à la visite, elle a permis aux enfants d’apprendre à utiliser les tablettes ipad pour prendre des photos, dit Boris Dolivet.
ENSEIGNER AVEC APPLE
D’ailleurs, Apple ne cache pas les visées commerciales de ces activités sur son site Web. Les élèves, écrit l’entreprise de Cupertino, seront « invités à déployer leur imagination avec les produits Apple ».
Les enseignants, eux, apprendront « à exploiter au maximum les outils et ressources d’apple en réalisant des activités pratiques pouvant s’appliquer en classe ».
À la Commission scolaire de Montréal, dont relève l’école Marguerite-bourgeoys, on précise que ces élèves sont inscrits au cours d’anglais intensif ».
« Ces élèves utilisent la tablette Apple en classe. Afin de faire d’une pierre deux coups, l’enseignante a inscrit ses élèves aux ateliers offerts gratuitement en anglais par Apple afin de maîtriser les fonctionnalités de la tablette qui servent en classe, comme un traitement de texte, les applications Team, Notebook, etc. », affirme son responsable des relations de presse, Alain Perron.
« En assistant à l’atelier en anglais, les élèves ont pu maîtriser le bon lexique, poser des questions en anglais, etc. », ajoute-t-il.
FORMATION MINI GENIUS
Dans la région de Québec, sept établissements de la Commission scolaire des Découvreurs – dont l’école primaire Les Bocages, à Saint-augustin-de-desmaures – ont pour leur part reçu la formation Mini Genius au Apple Store de Place Ste-foy, au cours de l’année 2016-2017. Dans chaque cas, moins de dix élèves participaient à la formation.
Le conseiller en communication de la CSDD, Alain Vézina, précise qu’« il ne s’agit pas d’une sortie éducative, mais d’une séance de formation offerte à un petit groupe d’élèves qui, eux, au retour en classe, peuvent accompagner et soutenir les autres élèves ».
Puisque les écoles de la CSDD utilisent beaucoup de tablettes et d’ordinateurs, des élèves sont formés sur plusieurs plateformes (Apple, Google, Microsoft) pour appuyer leurs camarades, ajoute-t-il. Contactée par courriel, Apple a refusé de faire des commentaires sur les sorties éducatives offertes par ses magasins.