Le Journal de Quebec

ENCORE UN PATRON SE LA CAESSE SUSPENDU

Cadre chez Otéra et promoteur immobilier à son compte

- HUGO JONCAS, PHILIPPE LANGLOIS ET ANDREA VALERIA

La Caisse de dépôt et placement du Québec a suspendu un autre cadre hier, après avoir été informée par notre Bureau d’enquête qu’il exerçait jusqu’à la semaine dernière des activités personnell­es de promoteur immobilier.

Économiste chez Otéra, Edmondo Marandola est le troisième employé en deux semaines à avoir été écarté pour des questions éthiques, à la suite de trouvaille­s de notre Bureau d’enquête.

Jusqu’à jeudi dernier, il était l’un des cinq actionnair­es de la compagnie qui doit transforme­r la maison des Soeurs de la Miséricord­e, à Montréal, en résidence pour personnes âgées. Le projet de 14 millions $ accumule des mois de retard.

M. Marandola a lui-même signé le financemen­t nécessaire au projet en mars 2018, tout en travaillan­t chez Otéra, la filiale de financemen­t immobilier de la Caisse de dépôt.

PLUS ACTIONNAIR­E

Depuis jeudi, les documents publics indiquent cependant qu’il n’est plus actionnair­e de l’entreprise.

Le changement est survenu neuf jours après nos premiers articles sur les problèmes d’éthique parmi les hauts dirigeants d’otéra, suivi du déclenchem­ent par la Caisse d’une enquête indépendan­te du cabinet d’avocats Osler.

Joint au téléphone hier, M. Marandola a expliqué que c’est justement en raison de cette enquête qu’il se retirait.

« Je le sais ce qui s’en vient. J’ai profité de l’occasion pour me retirer, dit-il. La vérité, c’est ça. »

Il croit qu’osler recommande­ra bientôt d’interdire toute activité immobilièr­e aux employés de la filiale de la Caisse.

M. Marandola assure qu’il n’est « aucunement en conflit d’intérêts ».

« Je ne suis pas dans la sphère d’activités d’otéra et je ne demande pas un prêt à Otéra ni à un partenaire d’otéra », assure-t-il.

PARCOURS TROUBLE

Parmi les associés de M. Marandola dans le projet de résidence pour personnes âgées figure notamment Girolamo Violante. Ce comptable s’est fait pincer trois fois par son ordre profession­nel pour des manquement­s à ses devoirs depuis 1994 ( voir ci-contre).

Jeudi dernier, alors que M. Marandola quittait la compagnie à numéro qui doit convertir la maison des Soeurs de la Miséricord­e en résidence, M. Violante est devenu président de cette compagnie.

Joint brièvement au téléphone, il n’a pas voulu accorder d’entrevue.

Au début du projet en 2018, son cousin Francesco Chico Violante figurait également à la convention d’actionnair­es.

Lui aussi a un passé houleux : accusation­s criminelle­s, enquête sur des appareils de paris illégaux, son café visé par un cocktail Molotov... ( voirci-contre)

Chez Otéra, la vice-présidente aux Affaires juridiques, Mélanie Charbonnea­u, a annoncé hier que Edmondo Marandola était « suspendu avec solde » pour la durée de l’enquête indépendan­te que la Caisse a commandée.

UNE V.-P. ET LE PDG

Le 5 février, notre Bureau d’enquête révélait que Martine Gaudreault, v.-p. chez Otéra, est une partenaire d’affaires et de coeur d’un prêteur privé longtemps lié au clan mafieux Rizzuto. Elle a été suspendue à la suite de la publicatio­n de l’article.

Puis, nous avons révélé qu’alfonso Graceffa, alors grand patron d’otéra, avait bénéficié de 11 prêts de la part de filiales de la Caisse qu’il dirige, pour financer des immeubles à revenus.

Il s’est retiré de ses fonctions chez Otéra après la publicatio­n.

 ??  ?? Edmondo Marandola
Edmondo Marandola
 ??  ??
 ?? PHOTOS AGENCE QMI, PIERRE-OLIVIER ZAPPA ?? En tant que promoteur immobilier, Edmondo Marandola était impliqué dans un projet pour transforme­r ce bâtiment en résidence de personnes âgées qui doit accueillir les Soeurs de la Miséricord­e.
PHOTOS AGENCE QMI, PIERRE-OLIVIER ZAPPA En tant que promoteur immobilier, Edmondo Marandola était impliqué dans un projet pour transforme­r ce bâtiment en résidence de personnes âgées qui doit accueillir les Soeurs de la Miséricord­e.

Newspapers in French

Newspapers from Canada