Le Journal de Quebec

70 % des employés violentés

Portrait de la violence envers le personnel de soutien aux Premières-seigneurie­s

- DAPHNÉE DION-VIENS

À la Commission scolaire des Premières-seigneurie­s, 70 % des employés de soutien scolaire ont été victimes de violence au cours de la dernière année.

Parmi eux, 59 % ont subi de la violence physique, comme des coups. Des employés se sont aussi fait lancer des objets, ou encore pincer, égratigner et mordre ( voir encadré). Les gestes violents sont commis en grande partie par les élèves (90 %).

Ces chiffres sont tirés d’un sondage réalisé par la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), qui représente les employés de la Commission scolaire des Premières-seigneurie­s, à Québec, qui dessert l’est de la capitale et la Côte-de-beaupré.

BANALISATI­ON

Selon le président du syndicat local, Dominic Latouche, les gestes de violence sont en augmentati­on depuis les dernières années. « On reçoit de plus en plus d’appels à ce sujet », affirme-t-il.

Éric Gagné, un éducateur en service de garde, le confirme. Les insultes – comme « t’es une grosse vache » – sont quotidienn­es, alors que les coups de pied ou de poing peuvent survenir de deux à trois fois par semaine, estime-t-il.

Les incidents ne concernent toutefois pas uniquement le personnel des services de garde.

« On a eu des appels de secrétaire­s et de concierges qui ont été victimes de gestes de violence », affirme M. Latouche.

Il arrive que des élèves en crise soient placés au secrétaria­t, puisque certaines écoles sont pleines à craquer, précise-t-il.

Préoccupé par la situation, le président du syndicat local dénonce par ailleurs la « banalisati­on » qui entoure la violence faite au personnel dans les écoles de la Commission scolaire des Premières-seigneurie­s.

M. Latouche raconte qu’une éducatrice « qui s’est pratiqueme­nt fait casser le nez » lorsqu’un élève lui a donné un coup de poing au visage s’est fait dire par sa direction d’école de ne pas remplir de rapport d’incident, parce qu’elle ne s’est pas absentée du travail.

« UNE CRISE PAR-DESSUS L’AUTRE »

« On dirait qu’on veut vraiment cacher le phénomène. Mais on gère une crise par-dessus l’autre », lance-t-il.

Dans une école, des éducatrice­s en services de garde se sont même fait proposer de porter des manchons aux avant-bras pour éviter les morsures.

À la Commission scolaire des Premières-seigneurie­s, on affirme être « très conscient » des gestes de violence posés envers les membres du personnel.

« Ça fait partie de nos réalités », affirme la secrétaire générale, Martine Chouinard, tout en précisant que la Commission scolaire est loin de banaliser la situation. Au contraire, les employés sont encouragés à remplir les avis d’incidents afin de documenter la situation, indique-t-elle.

En plus de faire de la prévention, du personnel spécialisé est disponible pour intervenir en situation de crise, précise la secrétaire générale. Il faut aussi se questionne­r sur les causes qui amènent un enfant à se désorganis­er, afin de lui offrir « le meilleur service possible », ajoute-t-elle.

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PHOTO STEVENS LEBLANC Dominic Latouche, président du Syndicat du personnel de soutien de la Commission scolaire des Premières-seigneurie­s, affirme que les gestes de violence envers ses membres sont de plus en plus fréquents.

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