Le Journal de Quebec

Un retour qui en dit long

- KARINE GAGNON Chroniqueu­se politique karine.gagnon@quebecorme­dia.com

Au-delà du geste d’éclat, l’arrivée de l’ex-bras droit de Régis Labeaume, Richard Côté, parmi l’opposition officielle à la Ville de Québec en dit long à la fois sur le maire et son principal opposant.

Il y a des limites, pour l’opposition, à piger parmi les ex d’équipe Labeaume.

Le maire et son équipe ont déjà fait preuve d’un flair plus aiguisé dans le passé. Non seulement ils n’ont pas vu venir la victoire de l’opposition lors de l’élection partielle de décembre, mais jamais ils n’auraient soupçonné ce retour de M. Côté comme conseiller spécial dans l’équipe adverse.

Il fallait voir l’air surpris du maire lorsqu’il a appris la nouvelle en pleine conférence de presse. Le malaise était flagrant, et son ignorance, déconcerta­nte.

Lorsqu’il avait annoncé son retrait de la politique, en 2013, Richard Côté avait cité une phrase « magique » de son mentor. « Il faut que tu saches que c’est dur de rentrer en politique, mais que si tu réussis, c’est dur d’en sortir. »

Après 18 ans en politique, M. Côté quittait ses fonctions avant d’être trop vieux, avait-il fait valoir en substance. Il a été recruté par des entreprise­s, mais s’attendait à ce que sa notoriété lui permette d’accéder à de plus hautes sphères.

NE PLUS VOIR « SA FACE » DANS LES JOURNAUX

La dernière fois que j’ai écrit à son propos, l’ex-politicien avait clamé qu’il ne voulait plus voir « sa face » dans les journaux. J’ignore si son retour vise à reprendre une carrière politique quelconque. Hier, il refusait toute demande d’entrevue, comme s’il n’assumait pas son choix.

On peut en effet se questionne­r sur la loyauté de M. Côté envers son ancienne équipe. À sa décharge, il s’est quand même écoulé six ans depuis son départ, et les contacts avec Équipe Labeaume sont rompus depuis 2013. De plus, il a déjà siégé comme indépendan­t, puis avec le parti de Marc Bellemare, dont il fut le seul élu.

M. Labeaume et lui ont par ailleurs eu leurs différends. Il l’a déjà critiqué publiqueme­nt. C’était lors de la démission de Guy Renaud, directeur général adjoint, qui avait suivi la malheureus­e déclaratio­n du maire sur les « fonctionna­ires incompéten­ts ».

VISION DE L’OPPOSITION

Pour Jean-françois Gosselin, chef de l’opposition, il y a par ailleurs des limites à piger parmi les ex d’équipe Labeaume. Après avoir recruté Patrick Paquet, qui avait déserté et mordu la poussière en 2013 sous la bannière de Démocratie Québec, voilà que M. Côté est accueilli à bras ouverts.

Certes, Régis Labeaume avait lui aussi fait le plein chez les conseiller­s du RMQ et L’ACQ, à son arrivée, mais ces partis agonisaien­t. Au contraire, Équipe Labeaume est nettement majoritair­e au conseil, et l’objectif de Québec 21 devrait être de s’en distinguer.

Cette vision d’ailleurs, on l’attend toujours. M. Gosselin parle encore de porte-à-porte et de campagne électorale à chaque séance du conseil, comme si sa posture mentale n’avait pas évolué depuis. Tout ne peut reposer sur un projet relevant du gouverneme­nt du Québec, en l’occurrence un troisième lien.

À ce titre, l’expérience de M. Côté représente un bel atout. Il ne pourra toutefois pas performer à la place du chef. Bien que ce dernier se soit amélioré, il a encore beaucoup de chemin à faire pour prétendre à la mairie en 2021.

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