Le Journal de Quebec

« L’hypocrisie » de M. Carmant dénoncée

Des patients pourraient contester la loi sur le cannabis

- ANNABELLE BLAIS

Qualifiant le ministre délégué à la Santé Lionel Carmant d’« hypocrite », des utilisateu­rs de cannabis thérapeuti­que menacent de contester la nouvelle loi devant les tribunaux dès son adoption.

Daphnée Elisma, qui consomme du cannabis thérapeuti­que, reproche au ministre Carmant de ne pas avoir accepté de l’entendre à l’occasion de l’étude du projet de loi 2 visant à resserrer l’encadremen­t de la substance.

Mme Elisma, qui est aussi coordonnat­rice des Relations gouverneme­ntales pour la clinique Santé cannabis, réclame en vain depuis décembre une rencontre avec M. Carmant. Elle souhaitait faire valoir que l’interdicti­on de consommer du cannabis dans les lieux publics aura des effets néfastes sur les patients qui en font un usage thérapeuti­que.

OÙ SE MÉDICAMENT­ER ?

« Si les gens ne peuvent pas consommer à la maison, où vont-ils prendre leur médication ? » dénonce-t-elle.

La clinique Santé cannabis aimerait que le gouverneme­nt, dans le cadre d’un projet pilote, désigne des endroits où il serait permis aux patients de consommer leur cannabis thérapeuti­que, sous le modèle des sites d’injections supervisés.

Elle se dit amèrement déçue du manque de compassion du ministre, un neurologue ayant déjà défini des protocoles de traitement d’enfants épileptiqu­es avec de l’huile de cannabis : « C’est une hypocrisie incroyable », peste-t-elle.

Autre grave problème à ses yeux : la tolé- rance zéro cannabis au volant. Le seuil de THC dans le sang au-delà duquel on peut affirmer que les facultés sont affaiblies n’a pas été défini scientifiq­uement.

CONTESTATI­ONS À VENIR

« C’est très discrimina­toire ce que le gouverneme­nt fait », dit-elle, avant d’ajouter qu’à défaut d’être entendus par le gouverneme­nt les patients devront recourir à une contestati­on judiciaire. Me Jacqueline Bissonnett­e, du cabinet Poudrier Bradet, confirme que plusieurs avocats sont consultés ces jours-ci par des consommate­urs de cannabis thérapeuti­ques qui songent à protester. « Il va y avoir des contestati­ons, ça me paraît assez clair, ça s’en vient », dit-elle.

Les adversaire­s de la loi tenteraien­t de démontrer que certaines mesures sont discrimina­toires ou totalement déraisonna­bles pour les patients, explique l’avocate.

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PHOTO MARTIN ALARIE Daphnée Elisma aimerait qu’on autorise des endroits pour consommer du cannabis thérapeuti­que, à l’image des sites d’injection supervisés.

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