Le fun noir de Legault
Malgré les levées de boucliers depuis le dépôt des projets de loi sur l’immigration et les maternelles quatre ans, le chef de la CAQ François Legault n’a pas cessé de prendre son pied dans son rôle de premier ministre. Au point où son entourage devrait même se méfier un peu de sa propension à guerroyer avec excès d’enthousiasme.
François Legault, premier ministre, a gardé la même attitude que le François Legault combatif et verbomoteur qui siégeait comme chef du deuxième groupe de l’opposition au Salon bleu.
Savourant encore visiblement chaque moment dans son nouveau rôle, il réplique coup sur coup aux attaques de l’opposition, même lorsqu’il n’a pas la parole.
La semaine dernière, le sourire fendu jusqu’aux oreilles, il a pris plaisir à narguer les libéraux à répétition en chambre, à micro fermé. « C’est le goon de La Pinière », a-t-il lancé à l’endroit de l’ex-ministre Gaétan Barrette. Il ne s’est pas gêné non plus pour passer le gant au visage de Sébastien Proulx, en tonnant « C’est-tu son dernier jour ? », pendant que le leader de l’opposition posait une question au gouvernement.
Encore secoué depuis la dégelée du premier octobre, le libéral de Jean-ta- lon avait évoqué la veille la possibilité qu’il ne termine pas son mandat.
Le leader caquiste Simon Jolin-barrette a même été forcé de calmer le jeu et d’user de diplomatie déjà à au moins une occasion, au terme d’une période de questions plus houleuse à l’assemblée.
Il a dû discuter, sur le parquet, avec une élue libérale offusquée, qui se plaignait que François Legault ait tenu des propos encore plus rudes à son endroit.
Il faut dire qu’au sein de l’opposition officielle, des députés réagissent bruyamment et constamment aux réponses des ministres. Plus ça change, plus c’est pareil. Le ton acrimonieux revient vite au galop malgré les voeux pieux de début de législation.
RALLUMER LE FEU
Mais ce n’est pas qu’au Salon bleu que François Legault peut pousser le bouchon en répliquant à ses adversaires.
En réagissant aux critiques des partis d’opposition et du milieu des services de garde devant le déploiement de ses maternelles quatre ans, il a opposé le travail de « techniciennes de garde » à celui d’enseignantes dans le réseau scolaire.
Les éducatrices des centres de la petite enfance n’ont pas apprécié, avec raison, le terme réducteur employé par le chef de gouvernement.
Dans son élan, le chef Legault a rallumé un feu que s’efforçait d’éteindre son ministre de la Famille. Mathieu Lacombe avait tenu récemment des propos plus rassurants pour l’actuel réseau des services de garde éducatifs, en précisant que le gouvernement ca- quiste n’implanterait pas de classes de maternelle quatre ans près d’un CPE.
AUCUNEMENT ÉBRANLÉ
Contrairement à son prédécesseur Philippe Couillard, François Legault lit tout ce que les médias écrivent à son sujet. Il demande des comptes à son équipe quotidiennement.
Même si on affirme à l’interne que rien ne l’a ébranlé jusqu’ici, on assure aussi que François Legault ne prend pas la critique « de haut ». Ce serait souhaitable, il a tellement insisté pour que son gouvernement reste « humble » ! Toutefois, comme les derniers jours l’ont montré, en prenant un vilain plaisir à ferrailler, il demeure à risque de commettre des impairs.