La haine décomplexée
Cette semaine, dans plus de 70 villes de France, des manifestations ont eu lieu pour dénoncer la montée de l’antisémitisme : cimetières profanés, croix gammées sur des magasins et sur les portraits de Simone Weil, etc.
Au vieil antisémitisme de droite s’ajoute maintenant un antisémitisme islam ogauchiste musclé, décomplexé.
Sur les réseaux sociaux, c’est le refoulement des égouts.
Le dernier incident fut l’agression, samedi dernier, en pleine rue, devant les caméras, du philosophe Alain Finkielkraut.
On a beaucoup commenté le « Rentre à Tel-aviv ! » qu’on lui a lancé.
On a moins commenté les « La France est à nous ! » et « Dieu va te punir ! ».
NOUVEAUX MOTEURS
L’agresseur, a dit pudiquement le philosophe, « n’était pas un petit Blanc ». Et nous voilà au coeur de l’affaire. Pendant longtemps, le logiciel de base de la vie publique française, et même occidentale ne produisait qu’une seule réponse automatique.
L’antisémitisme, c’était l’affaire de la vieille extrême droite fasciste ou « fascisante ».
Elle existe toujours, mais les moteurs de la recrudescence actuelle viennent d’ailleurs.
Au vieil antisémitisme de droite s’ajoute maintenant un antisémitisme islamogauchiste musclé, décomplexé.
Il mobilise deux dispositifs rhétoriques de base.
Le premier consiste à se dire non pas « antisémite », mais « antisioniste » : on ne serait pas contre les juifs, mais contre Israël.
Certes, le gouvernement israélien peut être critiqué autant que tous les autres, mais dès que vous grattez un peu, beaucoup de ces critiques débouchent rapidement sur les habituels stéréotypes du judaïsme tentaculaire qui, supposément, tirerait les ficelles du capitalisme mondial.
Ensuite, comme le sionisme c’est le projet de créer et de faire vivre un État d’israël, et comme cet État existe, est-ce que se dire « antisioniste » revient à dire qu’israël ne devrait pas exister ?
La seconde ruse rhétorique est, évidemment, de qualifier d’« islamophobe » toute critique, ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas, bien sûr, des crétins animés par la détestation de quiconque est musulman.
Dès 2002, un collectif regroupé autour de Georges Bensoussan avait sonné l’alerte dans un rapport intitulé « Les territoires perdus de la République ».
Des petits caïds de banlieues étaient au centre d’une nébuleuse d’aide sociale, de trafic de drogue et d’idéologie salafiste.
Dans les écoles, ces jeunes refusaient d’entendre parler de la Shoah ou regrettaient qu’hitler n’ait pas fini le travail.
À l’époque, l’intelligentsia et la caste médiatique n’avaient rien voulu savoir.
DÉSARROI
Devant cette réalité qui les rattrape aujourd’hui, les contorsions idéologiques d’une certaine gauche et de plusieurs féministes donnent le vertige.
Comme les ouvriers votent souvent à droite, les musulmans, pris en bloc, les ont remplacés dans le rôle des opprimés du colonialisme et du capitalisme.
D’où la complaisance envers la frange fanatique, homophobe et misogyne.
Comme le notait Pascal Bruckner, « une religion en plein désarroi fait alliance avec une gauche en pleine débâcle pour tenter de se sauver l’une par l’autre ».
Les plus en danger sont les intellectuels musulmans qui osent dire la même chose.
Hassan II, ex-roi du Maroc, a déjà avoué : « La haine d’israël est le principal aphrodisiaque du monde arabe. »