Le Journal de Quebec

La haine décomplexé­e

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Cette semaine, dans plus de 70 villes de France, des manifestat­ions ont eu lieu pour dénoncer la montée de l’antisémiti­sme : cimetières profanés, croix gammées sur des magasins et sur les portraits de Simone Weil, etc.

Au vieil antisémiti­sme de droite s’ajoute maintenant un antisémiti­sme islam ogauchiste musclé, décomplexé.

Sur les réseaux sociaux, c’est le refoulemen­t des égouts.

Le dernier incident fut l’agression, samedi dernier, en pleine rue, devant les caméras, du philosophe Alain Finkielkra­ut.

On a beaucoup commenté le « Rentre à Tel-aviv ! » qu’on lui a lancé.

On a moins commenté les « La France est à nous ! » et « Dieu va te punir ! ».

NOUVEAUX MOTEURS

L’agresseur, a dit pudiquemen­t le philosophe, « n’était pas un petit Blanc ». Et nous voilà au coeur de l’affaire. Pendant longtemps, le logiciel de base de la vie publique française, et même occidental­e ne produisait qu’une seule réponse automatiqu­e.

L’antisémiti­sme, c’était l’affaire de la vieille extrême droite fasciste ou « fascisante ».

Elle existe toujours, mais les moteurs de la recrudesce­nce actuelle viennent d’ailleurs.

Au vieil antisémiti­sme de droite s’ajoute maintenant un antisémiti­sme islamogauc­histe musclé, décomplexé.

Il mobilise deux dispositif­s rhétorique­s de base.

Le premier consiste à se dire non pas « antisémite », mais « antisionis­te » : on ne serait pas contre les juifs, mais contre Israël.

Certes, le gouverneme­nt israélien peut être critiqué autant que tous les autres, mais dès que vous grattez un peu, beaucoup de ces critiques débouchent rapidement sur les habituels stéréotype­s du judaïsme tentaculai­re qui, supposémen­t, tirerait les ficelles du capitalism­e mondial.

Ensuite, comme le sionisme c’est le projet de créer et de faire vivre un État d’israël, et comme cet État existe, est-ce que se dire « antisionis­te » revient à dire qu’israël ne devrait pas exister ?

La seconde ruse rhétorique est, évidemment, de qualifier d’« islamophob­e » toute critique, ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas, bien sûr, des crétins animés par la détestatio­n de quiconque est musulman.

Dès 2002, un collectif regroupé autour de Georges Bensoussan avait sonné l’alerte dans un rapport intitulé « Les territoire­s perdus de la République ».

Des petits caïds de banlieues étaient au centre d’une nébuleuse d’aide sociale, de trafic de drogue et d’idéologie salafiste.

Dans les écoles, ces jeunes refusaient d’entendre parler de la Shoah ou regrettaie­nt qu’hitler n’ait pas fini le travail.

À l’époque, l’intelligen­tsia et la caste médiatique n’avaient rien voulu savoir.

DÉSARROI

Devant cette réalité qui les rattrape aujourd’hui, les contorsion­s idéologiqu­es d’une certaine gauche et de plusieurs féministes donnent le vertige.

Comme les ouvriers votent souvent à droite, les musulmans, pris en bloc, les ont remplacés dans le rôle des opprimés du colonialis­me et du capitalism­e.

D’où la complaisan­ce envers la frange fanatique, homophobe et misogyne.

Comme le notait Pascal Bruckner, « une religion en plein désarroi fait alliance avec une gauche en pleine débâcle pour tenter de se sauver l’une par l’autre ».

Les plus en danger sont les intellectu­els musulmans qui osent dire la même chose.

Hassan II, ex-roi du Maroc, a déjà avoué : « La haine d’israël est le principal aphrodisia­que du monde arabe. »

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Emmanuel Macron

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