Le Journal de Quebec

L’avocat radié coupable de trois chefs sur quatre

Il a été acquitté de l’accusation de menace de causer la mort

- SOPHIE CÔTÉ

L’avocat radié provisoire­ment, Jean-roch Parent, a été déclaré coupable de trois des quatre chefs d’accusation qui pesaient contre lui au terme de son procès devant jury.

Après deux jours de délibérati­ons et plusieurs questions au juge, les 11 membres du jury, sept femmes et quatre hommes, ont déclaré l’homme de 41 ans coupable d’entrave au travail des policiers de la Sûreté du Québec (SQ) Damien Bélanger et Bruno Turgeon, d’entrave à la justice en intimidant l’agent Bélanger afin qu’il cesse son interventi­on et d’avoir fait de l’intimidati­on à l’endroit du policier Turgeon, une personne associée au système judiciaire.

Parent a visiblemen­t encaissé durement les verdicts. Le jury en est toutefois venu à la conclusion que Parent, en lançant : « Touche-moi pas, je te cogne » à l’un des policiers, n’avait pas sciemment proféré une menace de causer la mort ou des lésions corporelle­s, puisqu’il l’a acquitté sur ce chef.

« EN CRISE »

Le matin du 4 mai 2017, l’avocat de la défense avait été mis en état d’arrestatio­n après une simple intercepti­on pour non-respect d’une voie réservée sur l’autoroute Dufferin-montmorenc­y qui a tourné au vinaigre.

L’agent Damien Bélanger a témoigné au procès que Parent était « en crise » dès son intercepti­on. Il « criait » et refusait obstinémen­t de s’identifier et de déplacer sa voiture sur le trottoir.

Une fois Parent sorti du véhicule, les policiers l’ont invité par un contact physique à se rendre sur le trottoir. Il a été couché au sol et menotté après avoir dit qu’il allait « cogner » un policier.

INTIMIDATI­ON

De son arrestatio­n jusqu’au poste de police, Parent a répété qu’il était avocat et qu’il allait les poursuivre et leur faire « perdre leur job », ont raconté les agents. La preuve a révélé que l’accusé a aussi dit à l’agent Turgeon : « Va falloir que tu te “checkes” 24 h sur 24. »

Parent n’a pas présenté de défense, mais lors de son interrogat­oire policier, il avait soutenu qu’il avait plutôt dit que des huissiers iraient le voir « tous les jours ».

Pour ce chef d’intimidati­on d’une personne associée au système de justice, la peine maximale est de 14 ans de prison. L’absolution n’est pas applicable.

En 2015, Parent avait reçu une absolution conditionn­elle pour harcèlemen­t à l’endroit de son ex et du nouveau conjoint de cette dernière et bris d’engagement.

Il avait perdu son emploi de procureur de la Couronne qu’il occupait depuis 10 ans. Il s’est ensuite tourné vers la pratique privée.

En janvier dernier, il a été radié provisoire­ment par le conseil de discipline du Barreau pour de nombreux propos ou gestes inappropri­és à l’endroit de juges et de procureurs, notamment.

Son retour en cour est prévu mardi en prévision des représenta­tions sur la peine. Son avocat, Me Mathieu Giroux, a déjà fait savoir qu’il demanderai­t la confection d’un rapport présentenc­iel.

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PHOTO JEAN-FRANCOIS DESGAGNÉS Jean-roch Parent au palais de justice de Québec au deuxième jour de son procès, le 5 février dernier.

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