Mesures timides pour protéger les caribous
Selon un professeur-chercheur, le troupeau du Parc national de la Gaspésie pourrait disparaître d’ici 50 ans
SAINTE-ANNE-DES-MONTS | (Agence QMI) Des mesures pour protéger à court terme le troupeau de caribous du Parc national de la Gaspésie ont été annoncées hier par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). Mais pour un vrai plan de rétablissement de cette espèce en voie de disparition, il faudra encore attendre.
Dans un inventaire réalisé l’an dernier, 70 caribous ont été comptabilisés dans le Parc national de la Gaspésie. Il y a 65 ans, on en dénombrait au moins 1000.
Il s’agit du seul troupeau de caribous installé au sud du fleuve Saint-laurent et il est considéré comme une espèce en voie de disparition depuis l’an 2000.
ACTIVITÉ HUMAINE
Le caribou est notamment affecté par les prédateurs, comme le coyote et l’ours noir. Mais son plus grand ennemi demeure l’activité humaine, comme les opérations forestières intensives qui sont menées tout autour du Parc national de la Gaspésie.
Les activités récréotouristiques qui ont explosé dans le parc sont aussi à considérer comme un facteur de nuisibilité, selon les experts du MFFP. On considère que le parc est devenu un immense terrain de jeu naturel qui attire chaque année des milliers de skieurs et de randonneurs.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les changements climatiques n’ont pas de conséquences fâcheuses sur le troupeau, du moins pas à ce stade-ci.
On sent que le MFFP marche sur des oeufs et veut protéger le troupeau de caribous, sans toutefois affecter l’économie régionale.
D’ailleurs, le ministère retarde le dévoilement de ce qui sera le troisième plan de rétablissement de l’espèce.
DES MESURES TIMIDES EN ATTENDANT
En attendant, le MFFP propose quelques mesures timides : il ne permettra pas la création de nouvelles zones de coupes forestières et va accroître la surveillance dans les secteurs plus sensibles qui sont fréquentés par les caribous.
Le professeur-chercheur Martin-hugues St-laurent de l’université du Québec à Rimouski (UQAR) se consacre presque exclusivement au caribou de la Gaspésie depuis les sept à huit dernières années.
Celui qui collabore avec le MFFP et partage ses connaissances acquises sur le terrain accueille avec réserve les mesures annoncées hier. Selon lui, il faut agir rapidement et avec force, car d’ici 50 ans le troupeau de caribous de la Gaspésie aura disparu.
On attend maintenant le dévoilement du plan de rétablissement de l’espèce.