Le Journal de Quebec

Les entraves à la justice, talon d’achille de Donald Trump

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Depuis son entrée en fonction, Donald Trump fait tout pour éviter que les zones d’ombre de son passé soient exposées au grand jour. Ces cachotteri­es et ces mensonges pourraient s’avérer aussi déterminan­ts que les faits liés à la collusion avec les Russes pour mener à des accusation­s formelles.

Tout dépendra du rapport du procureur spécial Mueller, dont on s’attend à ce qu’il soit bientôt remis au nouvel Attorney General William Barr. C’est lui qui décidera quelles parties de ce rapport seront transmises au Congrès.

L’enquête de Mueller vise à déterminer s’il y a eu collusion entre Moscou et la campagne présidenti­elle de Donald Trump et si Donald Trump y a pris part.

Ce n’est pas tout. Mueller devra aussi établir si le président a entravé le cours normal de la justice depuis l’élection.

VULNÉRABLE

Ce n’est pas une mince affaire. Rappelons que c’était d’abord les preuves d’entraves à la justice qui avaient forcé Richard Nixon à démissionn­er à la suite du scandale du Watergate. C’était aussi une forme d’entrave à la justice qui avait entraîné la mise en accusation ( impeachmen­t) de Bill Clinton en 1998.

Sur ce point, Donald Trump est très vulnérable, notamment en lien avec le congédieme­nt de James Comey de la direction du FBI. Ce n’est pas le seul exemple. Sa présidence est parsemée de gestes qui l’exposent à de telles accusation­s.

OBSTRUCTIO­N SYSTÉMATIQ­UE

C’est ce que révélait le New York Times hier dans un reportage fouillé qui passe au peigne fin les comporteme­nts du président.

L’article relève entre autres les mensonges et les faussetés qu’il a propagés sur ses liens avec la Russie. La démission de l’ancien conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn a aussi donné lieu à des gestes poten- tiellement incriminan­ts. C’est aussi le cas des efforts du président pour reconstrui­re les faits entourant la rencontre du 9 juin 2016 à la Trump Tower entre l’état-major de sa campagne et une agente russe.

On pourrait aussi interpréte­r comme de l’obstructio­n la suite ininterrom­pue de déclaratio­ns visant à dénigrer l’enquête Mueller et ceux qui y ont pris part.

AU-DELÀ DE L’AFFAIRE RUSSE

Les allégation­s d’entrave à la justice ne touchent pas que l’affaire russe. L’enquête Mueller a ouvert la porte à d’autres possibilit­és de poursuites contre le président, dont plusieurs ont été prises en charge par les procureurs fédéraux de New York.

Les autres enquêtes sur Donald Trump concernent notamment des allégation­s touchant sa compagnie, sa fondation, son comité inaugural et sa participat­ion aux infraction­s commises autour des paiements à ses anciennes maîtresses.

Dans tous ces cas, certains agissement­s publics du président portent à croire qu’il y a eu volonté d’entraver la justice, mais ce sera le rôle des procureurs de lier tous ces éléments connus aux résultats à venir des enquêtes pour déterminer si des accusation­s criminelle­s sont justifiées.

IL EST TEMPS

Si les conclusion­s des enquêtes le justifient, Donald Trump devra-t-il comparaîtr­e devant les tribunaux ou faire face à une procédure de destitutio­n au Congrès ?

Les avocats de Trump soutiennen­t qu’un président ne peut pas être poursuivi devant les tribunaux, mais il y a un précédent : la poursuite contre Bill Clinton dans l’affaire Paula Jones.

En fin de compte, ce sont les faits révélés par les enquêtes qui trancheron­t, mais on ne pourra pas faire abstractio­n des efforts systématiq­ues de Donald Trump pour leur faire obstacle. Comme dans le cas de Nixon, ce seront peut-être les accusation­s d’entrave à la justice qui auront raison de Trump, même si celui-ci affirme qu’il serait insensé de destituer le meilleur président de l’histoire des États-unis.

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PHOTO AFP Le président américain, lors d’un rassemblem­ent en Floride, lundi soir.

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