Le carbone, un boulet pour la Caisse
Les énergies fossiles lui ont coûté des milliards $
De 2011 à 2018, la Caisse de dépôt et placement aurait bonifié son rendement d’au moins 7,8 G$ si elle avait fait une croix sur ses plus importants investissements dans le secteur des énergies fossiles, soutient un nouveau rapport.
Pour en arriver à ce chiffre, la Coalition Sortons la Caisse du carbone et la Fondation David Suzuki ont calculé le rendement annuel des 50 plus importantes participations de l’institution dans des entreprises exploitant des énergies fossiles.
Ce groupe, baptisé « Carbone 50 », a généré un rendement négatif de 4,3 % sur huit ans, ce qui a entraîné une perte sur papier de plus de 3 G$ pour la Caisse. Seules les années 2013 et 2016 ont généré des gains.
ÉCLATEMENT D’UNE « BULLE » ?
L’auteur du rapport, Sébastien Collard, a ensuite calculé ce que vaudraient ces 3 G$ s’ils avaient été placés ailleurs. Réponse : 7,8 G$ si les fonds avaient été investis dans le portefeuille d’actions de la Caisse, et 10,8 G$ s’ils l’avaient été dans la version de l’indice boursier mondial MSCI ACWI, qui exclut les carburants fossiles.
« Sortons la Caisse du carbone considère que le risque d’un éclatement de la bulle du carbone est de plus en plus présent et que la Caisse devrait rapidement faire le choix d’exclure les quelques dizaines de compagnies qui mettent à risque autant son rendement que sa capacité à répondre de manière efficace à l’urgence climatique », peut-on lire dans le document.
En s’appuyant notamment sur la hausse des ventes des voitures électriques et la non-rentabilité de plusieurs centrales au charbon, M. Collard va jusqu’à prédire que le faible rendement boursier de l’industrie des énergies fossiles « s’accentuera dans les années à venir ».
Les 50 plus importants investissements de la Caisse dans les énergies fossiles valaient 10,4 G$ au 31 décembre 2017, ce qui représente moins de 4 % de l’actif net total de l’institution.
En 2017, la Caisse s’est engagée à augmenter de 8 G$ ses investissements faibles en carbone d’ici 2020, et de réduire de 25 % son empreinte carbone d’ici 2025.
L’institution dévoilera ses résultats annuels 2018 ce matin.