Le Journal de Quebec

Des propriétai­res frustrés par les nouvelles restrictio­ns

La SAAQ modifie dès le 22 août l’immatricul­ation des véhicules de type militaire

- JEAN-FRANÇOIS RACINE

Des centaines de propriétai­res de véhicules de type militaire sont furieux contre la SAAQ qui veut restreindr­e leur utilisatio­n sur le réseau routier dès le 22 août prochain.

La Société de l’assurance automobile du Québec a décidé de limiter l’utilisatio­n de ces véhicules sur les chemins publics où la limite de vitesse est égale ou inférieure à 70 km/h. Ils pourront traverser à angle droit un chemin où la limite est supérieure, mais ils seront désormais bannis des autoroutes, ainsi que sur les routes provincial­es où la limite est de 90 km/h.

« C’est beau et c’est le fun à conduire. Mais je ne pourrai plus aller travailler, ni prendre les ponts, ni aller à l’ile d’orléans. Et comment le vendre ensuite ? », se demande Valérie Marier.

Pour se justifier, la SAAQ affirme aux propriétai­res « qu’elle a reçu la confirmati­on que leur fabricant ou leur importateu­r a restreint l’utilisatio­n de ceux-ci à un usage hors route. »

EN COLÈRE

Cette nouvelle mesure provoque colère et incompréhe­nsion puisque ces véhicules, pour la plupart, ont déjà fait l’objet d’une vérificati­on mécanique et que les droits d’immatricul­ation ont été payés.

Les propriétai­res devront maintenant se rendre dans un point de service afin de recevoir une nouvelle plaque d’immatricul­ation et un nouveau certificat pour chacun des véhicules, « sans frais administra­tifs », précise la lettre envoyée par la SAAQ.

En plein été, le ministre des Transports François Bonnardel a signé un arrêté ministérie­l à cet effet. La SAAQ stipule qu’après le 22 août, à défaut de régularise­r la situation, les véhicules ne pourront pas circuler sans autre avis, et les conducteur­s seront passibles d’une amende.

DÉLAI TROP COURT

« Ils font ça dans un délai très court et ils ne sont pas capables d’expliquer pourquoi. J’en ai un qui a été inspecté l’an dernier et il est conforme selon leurs exigences. Il n’y a rien de dangereux. J’ai mis plusieurs années à le restaurer », explique Philippe Raymond. Selon lui, il y aurait environ 1500 propriétai­res mécontents. La SAAQ parle plutôt de 550 véhicules.

Même si une demande de révision par écrit est possible, M. Raymond a choisi d’envoyer une mise en demeure au gouverneme­nt, en plus de se tourner vers le Protecteur du citoyen. « On a fouillé assez loin avec beaucoup de sérieux pour obtenir des documents officiels qui disent que ces véhicules ont été conçus pour la route », ajoute le mécanicien passionné.

UN DROIT ACQUIS

Philippe Raymond ne proteste pas contre le fait de modifier les règles pour les futurs véhicules, mais il aimerait conserver un droit « acquis » et octroyé en bonne et due forme selon les règles en vigueur à la SAAQ.

« Ça n’a pas de bon sens. C’est rendu soviétique. Il y a quelqu’un à la SAAQ qui veut pousser ça au bout pour justifier son salaire », ajoute avec frustratio­n Vincent Simard, à la tête d’une compagnie qui fait de la restaurati­on de véhicule de type militaire comme des Humvee. Ce dernier pourrait ainsi perdre plusieurs clients au Québec.

Sans s’avancer sur l’aspect sécuritair­e, le porte-parole de la SAAQ évoque de son côté une nouvelle informatio­n sur ces véhicules « hors route », une informatio­n inconnue jusqu’à maintenant du gouverneme­nt.

Une certaine forme de tolérance pourrait être exercée après le 22 août afin de permettre à tous de se conformer aux exigences.

 ?? PHOTO JEAN-FRANÇOIS RACINE ?? Déçus de la décision de la SAAQ, Valérie Marier et Philippe Raymond conduisent chacun un véhicule de type militaire pendant l’été.
PHOTO JEAN-FRANÇOIS RACINE Déçus de la décision de la SAAQ, Valérie Marier et Philippe Raymond conduisent chacun un véhicule de type militaire pendant l’été.

Newspapers in French

Newspapers from Canada