Quelle merdouille inutile !
C’était un après-midi de rêve. J’ai joué au tennis pendant des décennies. J’ai souvent échangé des balles avec Glen Michibata ou Stéphane Bonneau au club de L’île-des-soeurs.
Si je veux être honnête, les balles arrivaient beaucoup plus vite qu’elles ne repartaient. Bien entendu quand elles retournaient de l’autre côté du filet.
Je n’ai jamais gagné une partie contre ces meilleurs joueurs d’une autre époque. Je ne me suis jamais rendu à 6-0, les gars se tannaient avant.
Un après-midi de rêve. Encore plus si on adore le tennis. Sur le central du stade IGA, du côté en plein soleil, tranquille, juste à regarder Bianca Andreescu s’entraîner avec Sylvain Bruneau et les membres de son équipe. Le soleil, Eugène Lapierre, Jean-rené Dufort et Bianca, le bonheur à savourer.
Le matin, dans une décision prise en panique avec la direction d’octogon à New York, les dirigeants de Tennis Canada avaient invité les amateurs à venir assister à l’exercice de la championne des Internationaux des États-unis.
Ils sont venus une cinquantaine. Normal qu’ils n’aient pas été plus nombreux, on n’a pas eu le temps de publiciser le cadeau fait aux fans.
OCCASION RATÉE
Bianca a été généreuse de sourires envers les gens. Ils étaient du côté ouest. Les médias, côté est, se sont fait bronzer sans sourire. Comme s’ils n’avaient pas été là. C’est compréhensible, dans la situation créée par la merdouille de Jonathan Dasnières de Veigy, Bianca n’avait pas d’autre choix que de respecter la ligne du parti.
Par ailleurs, elle ne pouvait parler avec les médias sans mettre son équipe d’agents de New York dans un rôle de perdants. Ce n’est quand même pas un columnist du Journal qui va avoir raison contre Manhattan.
Mais dans ce beau soleil qui faisait briller la chevelure de Paul Rivard, tout le monde à part une exception peut-être, arrivait à la même conclusion : « Quelle belle occasion ratée. Bianca aurait discuté dix minutes avec les journalistes sur les lignes de côté, donné deux entrevues à TVA et RDS, et tout le monde aurait été content. Réglé pour la semaine.
Comment a-t-on pu être aussi déconnecté à New York et dans la famille Andreescu ?
La réponse est facile à comprendre. Parce que Bianca, même si elle est brillante et fine comme tout, n’a que 19 ans, qu’elle a grandi dans la banlieue de Toronto et qu’elle ne contrôle pas ceux qu’elle embauche. Hier, Jessica Sciacchitano, la vice-présidente d’octogon installée sur la 3e Avenue à New York, m’a écrit une longue lettre. M’expliquant qu’on avait ajouté une invitation aux fans pour assister à l’entraînement de Bianca. Mais la phrase qui dit tout n’est pas très longue : « De plus, nous avons aussi invité et accueilli des médias de tout le Canada, incluant Montréal, à sa conférence de presse de mercredi dernier à Toronto qui a duré presque 45 minutes ».
Une conférence de presse à Toronto, la star vient passer une semaine à Montréal au centre national payé par les profits de la Coupe Rogers et tout est dit.
C’est parce qu’au Québec, on n’a pas encore compris. Le Canada est un pays dont la capitale est Toronto.
Je comprends très bien qu’une vice-présidente basée à New York ne comprenne pas ce qu’est ce pays construit sur deux peuples fondateurs et deux langues.
DES MALAISES
Me semble que ce n’était pas à un modeste « columnist » de sports de leur expliquer ce petit détail. Mais peut-on compter sur Justin pour le faire ?
Le résultat, c’est qu’un Sylvain Bruneau qui a organisé cette semaine d’entraînement, est tout croche et se sent responsable du merdier dans lequel sa gentille joueuse est embourbée. Le résultat, c’est qu’eugène Lapierre qui fait un travail colossal avec Tennis Canada doit gérer les conséquences d’une bourde épaisse.
Mais Mme Sciacchinato apprend vite. Elle conclut sa lettre en précisant que le calendrier de Bianca évolue constamment et qu’elle nous préviendra si « jamais une fenêtre d’opportunité se présentait pour une rencontre avec les médias avant le départ de Bianca pour l’asie ».
Je n’ose ajouter mon grain de sel. Je n’ai pas à maintenir qu’il s’agit d’une question de principe. Je ne veux pas faire chavirer cette chance de « rapprochement entre deux solitudes »…
DANS LE CALEPIN - Jonathan Dasnières de Veigy mange une volée de bois vert dans cette histoire. Mais il n’est pas le pire des « freak controls » à l’oeuvre présentement. Bernard Duchesneau, l’agent de Félix Auger-aliassime est le king des kings. Ça, c’est gros. On va avoir amplement l’occasion d’y revenir. Tout est encore nouveau dans l’explosion du tennis canadien. On s’arrache le contrôle de la mine d’or…