Le Journal de Quebec

25 ans de prison, c’est « déjà sévère »

Bissonnett­e veut une peine moins lourde que 40 ans

- NICOLAS SAILLANT

Les avocats d’alexandre Bissonnett­e demandent à la Cour d’appel de revoir la peine de 40 ans de prison ferme imposée au tueur de la mosquée de Québec, affirmant qu’un emprisonne­ment sans libération conditionn­elle avant 25 ans constitue déjà « une des périodes les plus élevées au monde ».

Après le dépôt des mémoires du DPCP et du Procureur général du Québec qui ont tour à tour pourfendu la peine de 40 ans de détention ferme imposée par le juge François Huot en février dernier, c’était au tour d’alexandre Bissonnett­e de présenter son mémoire d’appel.

Contrairem­ent aux procureurs de l’état qui ont estimé qu’une peine de 50 ans avant de pouvoir obtenir une libération conditionn­elle était adéquate, les avocats de Bissonnett­e estiment que 25 ans d’emprisonne­ment minimum est « déjà sévère ».

Cette sanction est « déjà considérée comme sévère et représenta­it un compromis entre les abolitionn­istes de la peine de mort et ceux qui souhaitaie­nt son maintien ».

Me Charles-olivier Gosselin et Me Jean-Claude Gingras estiment que l’article 745.51 qui permet l’addition des périodes d’inadmissib­ilité avant une libération conditionn­elle par bloc de 25 ans est contraire aux valeurs canadienne­s. « Il est à craindre qu’il n’ait pour effet que de permettre l’infliction de peines vengeresse­s. »

RÉÉCRIRE LA LOI

Le mémoire conteste aussi la décision du juge Huot de la Cour supérieure de réécrire la loi afin de lui permettre d’infliger une peine de 40 ans à l’auteur du massacre du 29 janvier 2017.

« Il est bien établi que les tribunaux ne peuvent ajouter des mots à une dispositio­n législativ­e comme remède à l’inconstitu­tionnalité. »

Ainsi le juge a « erré » en se croyant en « meilleure position que le Législateu­r » pour corriger la loi.

Plus encore, la réécriture du juge « ne corrige pas une lacune majeure » puisqu’il n’intègre pas de balise maximale à la loi, alors qu’il estime pourtant que des peines supérieure­s à 50 ans seraient inconstitu­tionnelles.

Finalement, les avocats croient qu’une peine de 40 ans, qui permettrai­t à Bissonnett­e une libération conditionn­elle à 67 ans, ne permet aucune perspectiv­e de réinsertio­n sociale.

« Il aura passé la majeure partie de sa vie d’adulte privé de sa liberté, il n’aura aucune personne qui partage sa vie, aucun patrimoine, aucun travail, ni plus ni moins rien pour se définir. »

Le DPCP, le Procureur général du Québec et les avocats de Bissonnett­e se feront entendre devant la Cour d’appel en janvier.

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PHOTO D’ARCHIVES FACEBOOK Alexandre Bissonnett­e a été condamné à une peine de prison à vie sans possibilit­é de libération avant 40 ans pour avoir tué six hommes à la grande mosquée de Québec.

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