Le Journal de Quebec

Justin veut notre bien

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Winston Churchill est célèbre pour des tas d’excellente­s raisons.

Il l’est notamment pour ses mots d’esprit.

Tous connaissen­t celui sur la démocratie, qui serait le pire des systèmes à l’exception de tous les autres.

On connait moins celui selon lequel le meilleur argument contre la démocratie, c’est une conversati­on de deux minutes avec un électeur ordinaire dans la rue.

MÊLÉS !

Je me demande ce qu’il aurait pensé de ces Québécois qui s’apprêtent à voter pour Justin Trudeau tout en appuyant la loi sur la laïcité.

Près d’un sympathisa­nt libéral sur deux (46 %) se dit pour cette loi.

Pourtant, si Justin Trudeau est réélu, une armada d’avocats fédéraux, payés par nos taxes, viendra épauler les contestati­ons juridiques des citoyens.

Voter pour Justin si vous êtes pour la loi sur la laïcité, c’est comme se dire écologiste et s’acheter un Ford F-150. Mêlés pas à peu près… En 1977, dans un discours devant le Congrès américain, Pierre Elliott Trudeau avait dit que la souveraine­té du Québec serait « a crime against the history of mankind ». Rien de moins.

Pour Trudeau fils, la loi sur la laïcité est dans le même registre.

Ce n’est pas inappropri­é ou discutable. C’est une monstruosi­té absolue, une ignominie impensable, un geste de quasi haute trahison.

Les chefs conservate­ur et néodémocra­te sont aussi contre, mais laisseront le Québec décider.

Ils ont cette « générosité » envers les indigènes inoffensif­s que nous sommes.

Dans notre bantoustan, ils tolèreront, en se pinçant le nez et en détournant le regard, nos moeurs un peu folkloriqu­es et arriérées.

Justin, non. Il veut nous élever vers les cieux, nous apporter les lumières de la civilisati­on, nous sortir des ténèbres.

Historique­ment, quand le colonisate­ur maltraitai­t ses sujets, il se justifiait en disant que c’était pour leur bien : un jour, ils comprendra­ient que ces taloches, c’était pour leur rendre service. Ça n’a pas tellement changé. Certes, ce n’est pas la première fois que des électeurs sont sérieuseme­nt mélangés.

Jadis, des partisans du OUI pensaient qu’après l’indépendan­ce on élirait encore des députés qui siégeraien­t à Ottawa. Des partisans du NON pensaient que les services fédéraux disparaîtr­aient après l’indépendan­ce, sans voir que ces services étaient financés par des impôts qu’ils continuera­ient à verser, mais à un seul endroit.

Le dossier était cependant plus compliqué.

Un seul parti « fédéral » défend la loi sur la laïcité.

BLOC

Notre loi sur la laïcité est un strict minimum.

Mais supposons que vous trouvez, comme moi, que, dans les circonstan­ces, c’était la première victoire collective du Québec français depuis très longtemps, et que ça fait du bien.

C’est simple, il n’y a qu’un seul parti « fédéral » qui est favorable à cette loi. C’est le Bloc. Ben oui… Ah, mais il ne gouvernera pas, direz-vous.

Soyons sérieux. En 2015, Justin Trudeau a fait élire une flopée de fleurs rouges en pot au Québec.

Regardez-moi dans les yeux et dites-moi que le Québec est influent et respecté autour de la table du Conseil des ministres à Ottawa.

Mélanie Joly, ça vous dit quelque chose ?

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Justin Trudeau
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Yves-françois Blanchet
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