Le Journal de Quebec

L’administra­tion Trump mise à rude épreuve

- PIERRE MARTIN @Pmartin_udem

Les attaques de la fin de semaine sur des installati­ons pétrolière­s saoudienne­s confronten­t Donald Trump à la première crise internatio­nale majeure de sa présidence qu’il n’a pas créée lui-même. Plusieurs indices permettent de douter de sa capacité de gérer cette crise.

Les tensions politiques sont toujours présentes au MoyenOrien­t, mais les attaques de provenance encore incertaine qui ont touché environ 6 % des approvisio­nnements globaux mondiaux de pétrole sont dans une catégorie à part. Une confrontat­ion armée ouverte entre l’iran et l’arabie saoudite a rarement semblé si proche.

Les États-unis parviendro­nt-ils à agir correcteme­nt pour éviter le pire et ouvrir la voie à une stabilisat­ion de la situation ?

C’est ce qu’on va voir, mais le moins qu’on puisse dire est que l’administra­tion Trump est mal préparée face à cette crise.

CHAOS ET DÉSORGANIS­ATION

Alors que les premiers rapports de l’attaque émergeaien­t, Donald Trump, fidèle à ses habitudes, déclenchai­t une salve de tweets. À son crédit, il faut dire qu’une de ses premières annonces, celle de rendre disponible la réserve stratégiqu­e américaine de pétrole pour contrer la pénurie grave, était tout à fait appropriée. Les choses se sont ensuite empirées.

Dans un tweet bizarre, le président affirmait que ses troupes étaient sur le pied de guerre ( locked and loaded) et qu’il attendait le signal du « royaume » pour déterminer la réponse américaine. Peu de temps après, le président réitérait sa disponibil­ité à assister le régime saoudien puisque ce dernier est toujours prêt à payer comptant pour l’assistance militaire, comme s’il s’agissait d’un racket de protection.

Du point de vue des capacités organisati­onnelles de la Maison-blanche, cette crise ne pouvait pas tomber plus mal. Alors que plusieurs postes clés de la diplomatie et de la défense sont vacants ou en transition, le conseiller à la sécurité nationale, nommé en catastroph­e hier, hérite d’une équipe décimée.

CRÉDIBILIT­É COMPROMISE

Ce qui encore plus préoccupan­t est la perte presque totale de crédibilit­é internatio­nale de l’administra­tion Trump. Le scepticism­e des ennemis potentiels des États-unis devant les menaces émises par Donald Trump n’a d’égal que le manque de confiance de ses alliés quant à la solidité de ses engagement­s.

Le manque de confiance envers les capacités de gestion de crise du président américain s’est fait sentir lorsque ses appels au calme ont été perçus par les marchés mondiaux comme autant de raisons d’appuyer sur le bouton de panique.

UN AVENIR FLOU

Il n’y a pas nécessaire­ment lieu de mettre en doute la volonté du président Trump d’éviter d’embourber son pays dans un nouveau conflit armé de grande envergure, mais il n’est pas clair qu’il ait en tête un plan réaliste pour stabiliser la situation.

Comme les attentes à l’endroit de Donald Trump sont toujours minimales, il parviendra peut-être à les satisfaire si une conflagrat­ion est évitée dans l’année qui vient, mais il serait étonnant qu’il parvienne à mettre en place les conditions d’une réelle stabilisat­ion dans la région.

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