Youtube a l’oeil sur les enfants
Le propriétaire Google recueille des données personnelles des moins de 18 ans
Alors que les autorités américaines viennent d’imposer une amende de 170 millions $ à Youtube et à Google pour avoir recueilli des informations personnelles sur des enfants, rien n’est fait au Canada pour contrecarrer la cueillette de données personnelles des moins de 18 ans à des fins publicitaires.
Pourtant, les pratiques de ces deux entreprises au Canada ne diffèrent pas de celles aux États-unis, constate Maude Bonenfant, professeure à L’UQAM spécialisée dans la collecte massive de données.
« Le petit enfant du Canada qui visionne Youtube est aussi surveillé que l’enfant américain », souligne-t-elle.
Youtube et Google ont été condamnés aux É.-U., il y a deux semaines, à payer 170 M$ pour avoir récolté les infos personnelles de mineurs à l’insu de leurs parents.
Il s’agissait de renseignements comme la localisation des enfants, les appareils qu’ils utilisent et leurs numéros de téléphone.
Extrêmement populaire chez les jeunes, Youtube pratique « une collecte massive qui fait fi des frontières géographiques, des cadres réglementaires et de l’âge des utilisateurs », explique Mme Bonenfant.
COLLECTE MASSIVE
C’est une réalité préoccupante compte tenu de la force de frappe d’alphabet, entreprise qui détient les trois sites les plus consultés au Canada : Google.com, Google.ca et Youtube.com.
« Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il y a croisement des données personnelles entre ces différents sites pour dresser le profil des usagers, et ça, peu importe l’âge », explique Maude Bonenfant.
Les profils sont par la suite vendus à des annonceurs sur un marché en temps réel qui peut prendre la forme de mises aux enchères. Puissants, les dispositifs de cueillette de données permettent de diffuser des publicités adaptées aux goûts de l’enfant qui est devant l’écran.
« Est-ce que les parents accepteraient que cinq personnes s’installent dans la chambre de leur enfant pendant qu’il joue, l’observent et l’analysent, lui posent des questions sur ce qu’il aime pour lui proposer éventuellement une liste de cadeaux de Noël? C’est ce qui se passe actuellement», dit-elle.
Or, le profilage des moins de 18 ans sur des sites comme Youtube passe actuellement sous le radar des autorités québécoises et canadiennes. « On a des lois de dinosaures qui ont été mises en place il y a une quinzaine d’années, avant l’arrivée du premier iphone », rappelle Paul Laurier, président de la firme de sécurité et d’enquête numérique Vigiteck.
Depuis, l’encadrement n’a jamais été revisité. Dans les faits, la collecte de données des moins de 18 ans à des fins publicitaires n’est toujours pas réglementée, constate-t-il.