Le Journal de Quebec

Trudeau en mode gestion de crise

Le chef libéral a dû modifier son horaire de campagne pour faire face à la musique

- ÉMILIE BERGERON

Un Justin Trudeau à l’oeil humide a encore dû se confondre en longues excuses après qu’un troisième cas où il arbore le brownface a fait surface en moins de 24 heures.

« Les gestes que j’ai posés ont blessé profondéme­nt des gens qui doivent vivre tous les jours avec de l’intoléranc­e. […] Ce n’est jamais acceptable de foncer sa peau », a-t-il laissé tomber hier.

Le premier ministre a expliqué « son erreur » par le fait qu’il a été « aveugle », par le passé, à la douleur que ses agissement­s ont pu susciter. M. Trudeau a offert son mea culpa depuis Winnipeg, au Manitoba, après que son horaire ait été remanié par son équipe de campagne, plongée en mode gestion de crise depuis mercredi.

Il s’est surtout adressé aux membres de minorités visibles au nom desquelles il dit souvent parler quand il prône le multicultu­ralisme et l’inclusion.

« C’est profondéme­nt frustrant de devoir reconnaîtr­e que je n’ai pas toujours été à la hauteur de ce que je m’attends de moimême », a-t-il avoué, visiblemen­t sonné.

Le chef libéral a toutefois assuré que son choix, par le passé, de se noircir le visage à des fins de déguisemen­t ne représente pas l’homme qu’il est devenu.

PAS APPROUVÉS PAR PAPA

« J’ai appris directemen­t des gens de Papineau », insistant sur le fait que la communauté du quartier de Montréal qu’il représente est « remplie de personnes avec une diversité extraordin­aire ».

Pressé de questions, M. Trudeau a admis que ses écarts de conduite passés auraient pu déplaire à son père, l’ex-premier ministre Pierre Elliott Trudeau.

« Il ne serait certaineme­nt pas content de la façon dont je me suis comporté, mais peut-être qu’il aurait le sentiment que d’assumer la responsabi­lité de [ses actions] est important », a-t-il dit.

Le chef du Parti libéral du Canada se trouve dans l’embarras depuis que le magazine américain Time a publié, mercredi soir, un premier cliché dans lequel on peut le voir vêtu d’un turban, d’une tunique et le visage noirci par un maquillage.

La photo, qui remonte à 2001, a été prise alors que M. Trudeau était âgé de 29 ans et enseignait dans une école privée de la Colombie-britanniqu­e. Le chef libéral assistait à un gala de fin d’année sous la thématique « Mille et Une Nuits ».

D’autres images de lui ont depuis été diffusées.

QUEL EFFET SUR L’ÉLECTION ?

De l’avis de deux politologu­es, il est trop tôt pour savoir comment la controvers­e aura un effet sur la campagne électorale fédérale. Il reste encore 31 jours avant les élections du 21 octobre.

« À un moment donné, on doit prendre acte de ce que M. Trudeau a dit, lui accorder un minimum de crédibilit­é et ensuite essayer de recentrer la campagne sur des enjeux qui sont plus fondamenta­ux », dit François Rocher, de l’université d’ottawa.

« C’est non seulement l’image qui est écorchée, mais le message même du multicultu­ralisme et la diversité dont il s’était fait le champion », soutient pour sa part Frédéric Boily, de l’université de l’alberta.

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PHOTO REUTERS Le premier ministre s’est adressé aux médias hier à Winnipeg, au Manitoba, dans le cadre de la campagne électorale.

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