Peu d’effet dans Papineau
Dans Papineau, la circonscription montréalaise de Justin Trudeau, la crise du « brown-face » (ou « blackface ») semblait beaucoup moins aiguë qu’on aurait pu le croire, hier.
Ses principaux adversaires au scrutin du 21 octobre auraient pu, par exemple, vouloir en profiter à fond.
Au contraire, j’ai eu du mal à obtenir une rencontre avec un candidat. Certes, dans un château fort libéral comme celui-là, dont le député est le premier ministre par surcroît, les partis adverses déploient rarement beaucoup d’énergie.
Le Bloc n’y a pas encore de candidat. Le Parti conservateur et le NPD en ont chacun une, mais sans local électoral ; elles gardent en plus, pendant la campagne, un pied au boulot.
INTROUVABLE
Hier, les organisateurs néo-démocrates furent incapables, malgré nos demandes répétées, de nous permettre de rencontrer la candidate NPD Christine Paré. Celle-ci, vers 16 h, s’est contentée de publier une longue entrée accusatrice sur sa page Facebook au sujet du « blackface » trudeauesque. « Quand les gens subissent des moqueries à propos de la couleur de leur peau ou de leur identité culturelle, c’est une forme de violence qui peut les blesser profondément. »
Après avoir souligné trois incidents où le gouvernement Trudeau aurait failli à protéger les personnes « racisées », Mme Paré conclut : « S’il ne mets [sic] pas fin à la violence de son gouvernement, ça incitera les gens à questionner la sincérité de [...] ses excuses. »
PEU DISCUTÉ
La candidate conservatrice Sophie Veilleux, que j’ai pu rencontrer en fin d’après-midi, a admis que personne, dans son porte-à-porte du matin, ne lui avait parlé du « blackface ». Si elle jure qu’elle ne tentera pas de l’exploiter, elle soutient que le geste de Justin Trudeau, même commis il y a 18 ans, est « déplorable » et « inacceptable ».
Dans la rue cependant, plusieurs électeurs de Papineau semblaient vouloir passer l’éponge. « Ce n’est pas parce qu’il s’est peinturé en noir qu’il est raciste ! Ça peut même vouloir dire qu’il aime les Noirs », opina par exemple Hamed Bamba, camelot du journal L’itinéraire, métro Parc.
« Je sais que “qui s’excuse s’accuse”... Mais il est certain qu’en politique, les gens profitent de toutes les occasions pour attaquer leurs opposants. »