Le Journal de Quebec

Quand la grandeur d’âme se transforme en mante religieuse

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

J’émets des doutes sur la grandeur d’âme de celle qui vous écrit ce matin pour se plaindre de l’attitude rébarbativ­e de sa mère, qui lui reproche de les avoir, elle et son mari, déracinés de leur terroir pour les amener vivre en ville à côté de chez elle, sous prétexte de pouvoir mieux s’en occuper. Elle qui, maintenant que le papa est décédé et que sa mère est en perte d’autonomie, veut la placer en résidence.

Ce choix de vie qu’elle semblait attribuer, au début de sa lettre, au seul désir de ses parents de se rapprocher d’elle pour pouvoir profiter de son aide dans leur grand âge, ne semble plus aussi vrai quand on voit la réaction de la mère qui lui reproche de leur avoir forcé la main.

Qui a vraiment eu l’idée de la maison jumelée Louise, si ce n’est la fille elle-même, parce que ça l’arrangeait ? Elle ne vous dit pas, en plus, qui va hériter de la maison une fois la mère décédée. Sans compter que les frères de ladite dame la blâment aussi d’avoir imposé cette solution à leurs parents.

Oh, que ça sent pas bon cette affaire-là! Ça sent aussi mauvais que ce qu’a fait notre soeur aînée à moi, mon frère et mes deux soeurs plus jeunes, en nous spoliant d’une grande partie de notre héritage sous prétexte de prendre soin de nos parents. Pendant qu’on la regardait aller avec sa grande générosité, elle nous volait par en arrière.

Je souhaite aux frères de cette personne de se réveiller au plus sacrant s’ils ne veulent pas perdre tout ce qui devrait leur revenir de droit au décès de leurs parents. Je leur écris ce matin pour sonner l’alarme, comme j’aurais aimé que quelqu’un le fasse pour nous. Pendant qu’on la pensait intègre, notre soeur profitait de notre naïveté. S’il ne souhaite pas que le même sort lui arrive, ce garçon aurait intérêt à se réveiller vite. Parole d’ami!

H.V.

Rien dans la lettre de cette personne ne m’indiquait ce que vous soulevez dans la vôtre comme mauvaise intention. J’espère que vous avez tort, car du bon monde, ça existe encore. Peut-être a-t-elle souffert d’un manque d’écoute aux véritables besoins de ses parents ? Et il n’est pas trop tard pour que ses frères manifesten­t enfin une réelle volonté d’aider concrèteme­nt leur mère, ce qu’ils n’ont jamais fait jusqu’à maintenant.

L’art de savoir donner du réconfort est encore de mise en 2019

Ma meilleure amie est décédée il y a deux semaines. Je ne la savais pas aussi malade qu’elle l’était et je m’en veux tellement. Jamais je n’aurais cru, quand elle m’a appelée du fin fond de sa campagne pour me dire qu’elle était à deux doigts de la mort, que c’était aussi vrai. Sinon, j’aurais volé vers elle sans hésiter. J’étais moi-même en plein milieu d’un tsunami familial et je me suis dit que j’irais la voir dès que possible. Sauf que la vie ne m’en a pas donné le temps. Qu’estce qu’on fait après ça ? Comment on arrive à se pardonner l’impardonna­ble ? Je ne sais pas et je m’en remets à vous pour m’indiquer la voie, même si je pense sincèremen­t qu’il n’y en a pas.

Âme triste à l’infini

Vous avez le droit d’être triste, mais certaineme­nt pas celui d’affirmer qu’il est impossible d’être pardonnée, par vous-même de surcroît. Qui plus est dans des circonstan­ces où vous étiez en plein désarroi personnel. Il faut avoir le même niveau d’empathie pour soi que celui qu’on a pour les autres. Reprenez vos esprits et armez-vous pour mettre les choses en perspectiv­e et cesser de vous accabler pour un simple mauvais concours de circonstan­ces. Le sentiment de culpabilit­é qui vous accable doit vite être évacué au profit d’une démarche de pardon envers vous-même. Écrivez votre ressenti à votre amie décédée. Ça va déjà vous soulager.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada