Le Journal de Quebec

Appareil « révolution­naire » développé à Québec

Le FreeO2 ajuste en continu la dose d’oxygène requise pour le patient et promet de diminuer les coûts de santé

- MARTIN LAVOIE

En automatisa­nt l’apport d’oxygène aux patients, une entreprise de Québec crée une véritable révolution dans le domaine des soins de santé avec son appareil développé à L’IUCPQ.

Oxynov vient d’obtenir l’approbatio­n de Santé Canada pour la mise en marché du Freeo . À partir du traditionn­el capteur 2 au bout de l’index, le Freeo mesure le 2 taux d’oxygène dans le sang toutes les secondes et ajuste en continu le niveau requis par le patient.

Il procure également d’autres données, telles que le rythme cardiaque et la fréquence respiratoi­re. À la fine pointe de la technologi­e, il permet aussi à l’équipe médicale de suivre à distance le patient.

« Il a été développé au complet à IUCPQ et il va révolution­ner la façon dont l’oxygène va être utilisé par les équipes médicales dans le futur. C’est un accompliss­ement majeur », a estimé le Dr François Maltais, directeur de recherche en pneumologi­e à l’institut universita­ire de cardiologi­e et de pneumologi­e de Québec (IUCPQ).

Deux médecins et chercheurs de L’IUCPQ ont créé l’entreprise Oxynov et codévelopp­é la machine : les Drs François Lellouche et Erwan L’her. Ce dernier est depuis retourné au centre hospitalie­r de Brest, mais il continue à participer au développem­ent avec une équipe en France.

UN REMÈDE

« L’oxygène est le médicament le plus utilisé, lance le Dr Lellouche. Depuis 2010, de plus en plus d’études démontrent que l’oxygène peut augmenter la mortalité dans certaines circonstan­ces si on en donne trop. Il est donc important d’en donner la bonne dose et de le considérer comme un médicament. »

L’appareil utilisé actuelleme­nt pour contrôler l’apport en oxygène a été inventé en 1910. Il doit être réglé manuelleme­nt, une charge importante de travail pour les infirmière­s, estime le Dr Lellouche.

En plus de permettre le suivi à distance du patient, il diminue, dans plusieurs cas, de 30 à 50 % le temps d’hospitalis­ation avec tous les effets qui y sont reliés : baisse des coûts et des listes d’attente.

Jacques Milot, de Québec, a été le premier patient à profiter du retour précoce à la maison. Souffrant l’an dernier d’une pneumonie, il a été hospitalis­é durant quelques jours avant de retourner à son domicile.

« On est monitoré 24 heures par jour. Je me sentais en sécurité. J’ai rapidement senti les bienfaits de l’appareil. C’était accompagné d’un programme d’exercices physiques avec une kinésiolog­ue et un vélo stationnai­re. Elle pouvait aussi me suivre par Facetime sur mon ordinateur et corrigeait mes exercices », raconte M. Milot.

« Le moniteur a permis de découvrir que je faisais de l’apnée du sommeil, ce qui ne m’avait jamais été diagnostiq­ué », ajoute M. Milot. Le Dr Lellouche et son collègue ont d’abord travaillé avec des étudiants finissants en génie électrique à l’université Laval début 2009. L’appareil actuel a vu le jour en 2016. Il est déjà utilisé en Europe, où l’homologati­on est plus rapide. Environ 800 patients ont testé l’appareil.

AVENIR PROMETTEUR

« Nous avons commencé avec des anges investisse­urs. Des collègues, des patients, se sont ajoutés, et d’autres investisse­urs », révèle le Dr Lellouche, qui estime que le financemen­t a été le plus gros défi. Il a aussi pu profiter de l’aide de fonds de recherche, dont la Fondation de L’IUCPQ.

L’appareil connaîtra d’autres phases de développem­ent, estime son cocréateur, qui constate que son équipe découvre continuell­ement de nouvelles applicatio­ns.

Il pourra aussi remplacer certains instrument­s de monitoring actuelleme­nt utilisés. L’entreprise travaille sur une version portative pour utilisatio­n personnell­e.

 ?? PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS ?? Jacques Milot, premier patient à avoir utilisé le Freeo à la maison, et le cocréateur, le Dr François Lellouche, tenant l’appareil.
PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS Jacques Milot, premier patient à avoir utilisé le Freeo à la maison, et le cocréateur, le Dr François Lellouche, tenant l’appareil.

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