Le Journal de Quebec

Un mauvais achat immobilier compromet leur retraite

- Emmanuelle Gril Collaborat­ion spéciale

Après une longue vie de labeur, Jean-claude et Marie sont désormais à la retraite. Avant de quitter le marché du travail, ils ont toutefois décidé de se gâter un peu, mais aussi de s’acheter une nouvelle maison. Des décisions qui vont avoir un impact désastreux sur leurs finances.

Pour profiter à plein de leur retraite et ayant toujours aimé voyager, le couple de 66 ans a acquis un véhicule récréatif afin de pouvoir s’offrir de belles escapades. Dans la foulée, ils ont aussi changé leur vieille voiture pour une automobile flambant neuve.

Jusque-là, leurs finances ont résisté à ces dépenses substantie­lles qui représente­nt respective­ment des prêts de 54 226 $ et 42 378 $, avec des paiements mensuels totalisant 795 $. Mais la situation va se corser lorsqu’ils tombent en amour avec une jolie maison située en banlieue de Québec. Souhaitant s’éloigner du centre-ville et jouir d’un peu de tranquilli­té, ils vendent donc leur bas de duplex et utilisent le produit de la vente comme mise de fonds afin de mettre la main sur la coquette résidence. Ils contracten­t une hypothèque de 210 560 $, avec un remboursem­ent de 1050 $ par mois.

PRIS À LA GORGE

Ayant été propriétai­res pendant plusieurs années, Jean-claude et Marie estiment avoir l’expérience nécessaire en immobilier et négligent de faire inspecter la maison qui leur semble être en bon état. Malheureus­ement, cette décision va leur coûter cher, puisque peu après avoir emménagé, les problèmes s’accumulent : infiltrati­on d’eau, toiture à refaire, fondations fissurées, chaudière à remplacer, etc. Des travaux qui nécessiten­t des milliers de dollars, qu’ils n’ont pas…

Pour faire face, ils contracten­t plusieurs prêts et utilisent leurs cartes de crédit. « Au bout du compte, ils se retrouvent avec une facture salée de 66 500 $ uniquement pour les réparation­s. Si on ajoute à cela l’hypothèque et les prêts automobile­s, on arrive à un montant de 373 664 $, une fortune pour leur budget de retraités ! », explique Sarah-julie Fortin, conseillèr­e principale en redresseme­nt financier chez Raymond Chabot.

Jean-claude se résigne donc à retourner sur le marché du travail à temps partiel pour tenter d’améliorer leurs finances. Parallèlem­ent, le couple tente de poursuivre le vendeur de leur maison pour vices cachés, mais celui-ci se révèle finalement insolvable. Le couple, épuisé par ces revers de fortune, voit ses beaux projets de retraite s’effondrer.

SE LIBÉRER DE LA MAISON ET DES DETTES

Avec des revenus mensuels de 3330 $, Jean-claude et Marie n’ont pas les moyens de rembourser leurs prêts et cartes de crédit. La presque totalité de leurs ressources (3280 $) est engloutie par leur hypothèque, le paiement de leurs véhicules et les frais de la vie quotidienn­e. Leur maison est devenue un gouffre financier qu’ils ne parviennen­t pas non plus à vendre, compte tenu de tous les travaux qui doivent encore être effectués. Ils se demandent comment ils peuvent s’en débarrasse­r pour enfin vivre leur retraite dans la tranquilli­té.

« Ils ont d’abord pensé à rendre la résidence à leur créancier. Mais il faut savoir que si la banque la vend à un prix inférieur au solde hypothécai­re, ils seront responsabl­es de la perte », indique Sarah-julie Fortin.

Quelles autres solutions s’offrent à eux ? La propositio­n de consommate­ur permettrai­t de négocier une entente de paiement sans intérêts sur une période de cinq ans. Leur choix s’est toutefois porté sur la faillite, grâce à laquelle ils peuvent remettre leur maison à la banque sans aucune responsabi­lité financière vis-à-vis du solde hypothécai­re ou des taxes municipale­s. Leurs autres dettes de prêts et cartes de crédit sont aussi englobées dans la faillite.

Ils auraient pu choisir de conserver leur véhicule récréatif puisqu’il n’y avait aucune équité et qu’ils étaient à jour dans leurs paiements, mais ils ont préféré réduire leurs dépenses et rendre également celui-ci au créancier. « Pour se libérer de leurs dettes dans le cadre de la faillite, ils devront payer 293 $ pendant 21 mois, ce qui respecte leur budget. Ils ont loué un appartemen­t à un loyer raisonnabl­e, ce qui leur évitera également tous les soucis liés au fait d’être propriétai­res », précise SarahJulie Fortin.

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