Allégories mystiques
Brad Pitt se retrouve face à lui-même dans Vers les étoiles, long métrage de James Gray où foisonnent les références aux mythologies grecque et biblique, le symbolisme et les allusions cinématographiques.
Un croissant de Terre dans les étoiles, le profil de l’astronaute Roy Mcbride (Brad Pitt dont la prestation oscarisable ne peut que rappeler celle de L’arbre de vie de Terrence Malick), la musique classique. Nous voilà prévenus. Vers les étoiles est une espèce d’antithèse de 2001, Odyssée de l’espace (la partie de la locution latine Ad Astra sert de titre en version originale).
Roy est chargé par la NASA d’entrer en contact avec son père, Clifford Mcbride (Tommy Lee Jones), que les autorités soupçonnent d’avoir fait semblant de disparaître à la surface de Neptune alors qu’il menait une mission de recherche de vie extraterrestre, et qui menace désormais la Terre. Cette ligne scénaristique – dans laquelle on ne peut manquer l’allusion à peine voilée au mythe de Kronos ainsi qu’à Apocalypse Now – sert de prétexte à une introspection claustrophobe du fils. En voix hors champ, sur des réminiscences de sa femme, Eve (Liv Tyler), Roy accomplit un parcours initiatique qui le mènera à une réflexion judaïque sur les péchés du père et du fils, ainsi qu’à une conclusion toute biblique sur l’amour et l’humanité.
RÉFÉRENCES SYMBOLIQUES
Tout n’est que symbolisme dans Vers les étoiles, la moins accessible des oeuvres du cinéaste qui nous a donné Deux amants ou The Lost City of Z. Des exemples ? La cage d’oiseau – vide – de la chambre d’helen Lantos, la responsable de la base sur Mars, où Roy effectue une dernière escale humaine avant Neptune. Les apparitions et disparitions d’eve. Les vidéos délavées de Clifford avec un Roy encore enfant. Des images que bercent la voix de Brad Pitt, la sonate au Clair de lune revisitée par Hidden Citizens, Says de Nils Frahm ou l’extraordinaire XVI. The Waves : Tuesday de Max Richter (cette pièce est la mise en musique et en danse de la lettre de suicide de Virginia Woolf, adressée à son mari, et lue par Gillian Anderson).
Sans relâche, James Gray et son coscénariste, Ethan Gross (quatre épisodes de Fringe), rappellent que l’homme ne peut vivre loin de sa Terre, sa mère nourricière, sous peine de devenir fou. Que l’homme doit aimer, car là est sa rédemption. Et son salut.