Le Journal de Quebec

Rien n’arrête John R. Porter

En entrevue avec Karine Gagnon

- PASCAL DUGAS BOURDON

L’ancien directeur du Musée national des beaux-arts du Québec avait beaucoup de choses à raconter sur sa fructueuse carrière. Et il n’a pas dit son dernier mot ni accompli son dernier projet.

Une Québécoise qui est parvenue à décrocher une bourse pour étudier à la prestigieu­se Université de Cambridge malgré son TDAH souhaite maintenant inspirer d’autres jeunes aux prises avec ce trouble.

« Je me dis qu’il y a peut-être des gens qui vont lire le texte et à qui ça va donner espoir », explique Roxane Noël, lors d’une entrevue réalisée par visioconfé­rence, en direct de l’angleterre.

« Ça fait du bien, parfois, d’avoir des gens qui nous rappellent qu’on peut accomplir de grandes choses quand même », ajoute celle qui est aux prises avec un trouble du déficit de l’attention avec hyperactiv­ité (TDAH).

Sa condition ne l’a pas pour autant empêchée d’aspirer à fréquenter l’une des université­s les plus prestigieu­ses au monde, même si elle était loin d’être convaincue de sa sélection au départ.

« Je ne dirais pas que j’ai postulé à Cambrige à la blague, mais presque. Je me disais que jamais je ne serais acceptée », explique Roxane Noël.

PRESTIGIEU­X COUP DE POUCE

Et pourtant, la doctorante en philosophi­e médiévale a non seulement retenu l’attention de l’université de Cambridge, mais elle a ensuite obtenu la prestigieu­se bourse Gates, de la fondation du fondateur de Microsoft Bill Gates. Elle reçoit ainsi équivaut à environ 65 000 $ par année pour ses études.

« C’est la meilleure bourse au monde que je pouvais obtenir comme étudiante internatio­nale », souligne la lauréate.

Pour la jeune femme de 27 ans, le constat de son TDAH est venu tard, soit l’an dernier, alors qu’elle était encore au pays. Une procédure qui aura pris plusieurs années, mais qui a valu le coup.

En effet, faire reconnaîtr­e sa condition implique de rencontrer plusieurs profession­nels de la santé, ce qui peut prendre du temps, souligne-t-elle.

SOULAGEMEN­T

« Il y a une part de soulagemen­t lorsqu’on reçoit le verdict, parce qu’on a l’impression de faire tellement d’effort, sans que ça fonctionne. D’avoir le diagnostic, c’est enfin comprendre pourquoi », fait remarquer Roxanne Noël.

Ce constat permet également d’avoir accès à de la médication. Un coup de pouce inestimabl­e, mais qui ne fait pas pour autant disparaîtr­e le trouble du déficit de l’attention, précise-t-elle.

« Il faut le voir davantage comme un coup de pouce pour mieux appliquer les stratégies », fait-elle valoir.

Malgré des victoires inespérées, le parcours scolaire de Roxanne Noël risque, de son aveu même, d’être plus corsé que jamais.

« Le doctorat, c’est là où les défis sont les plus grands, parce qu’avec un TDAH, on a de la difficulté à s’organiser, à découper une tâche complexe en étapes. On s’entend qu’écrire une thèse doctorale, c’est assez complexe comme tâche », explique-t-elle.

FAIRE CARRIÈRE

Des difficulté­s qui ne la rendent toutefois pas amère face à sa condition.

« Ça fait partie de qui je suis. Ça m’aide souvent à penser en dehors de la boîte. Parfois, en ne suivant pas les consignes, on fait des choses originales pour se démarquer », fait-elle remarquer.

La jeune femme qui a grandi à Bouchervil­le, en Montérégie, aspire maintenant à une carrière universita­ire, sans doute comme professeur­e de philosophi­e.

« Et aussi faire des conférence­s en philosophi­e pour le public, peut-être pour les enfants. C’est important pour moi », insiste-t-elle.

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 ?? PHOTO COURTOISIE JOE COTTON ?? Roxane Noël, doctorante en philosophi­e médiévale, pose devant le King’s College de l’université de Cambridge, en Angleterre.
PHOTO COURTOISIE JOE COTTON Roxane Noël, doctorante en philosophi­e médiévale, pose devant le King’s College de l’université de Cambridge, en Angleterre.

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