Le Journal de Quebec

Les changement­s inutiles

- RÉJEAN PARENT e Blogueur au Journal Syndicalis­te, chroniqueu­r

Je général me souviens qui me disait de ce directeur que le ménage commençait par le haut. Il l’illustrait en évoquant le balayage d’un escalier qui ne débute pas par le bas.

Il est dommage que le parcours profession­nel du ministre de l’éducation, Jean-françois Roberge, ne lui ait pas fait rencontrer ce sage gestionnai­re pour l’aider à mieux cibler ses actions !

LA STAGNATION

Le taux de diplomatio­n a évolué très faiblement depuis l’instaurati­on de la réforme de l’éducation en 98 et demeure très préoccupan­t. Plus inquiétant, le nombre d’élèves en difficulté a presque doublé durant cette période.

La faute n’est pas attribuabl­e aux commission­s scolaires, elle découle plutôt des programmes mis de l’avant par l’état, des restrictio­ns budgétaire­s et de l’entêtement du ministère à refuser les ajustement­s nécessaire­s pour empêcher la dégradatio­n observée.

Le ministère de l’éducation a préféré défendre ses mauvaises décisions et imputer aux différents acteurs tels que le personnel enseignant, les gestionnai­res et les commissair­es, les affres de son incurie.

Les pressions n’ont d’ailleurs pas manqué sur les commission­s scolaires au fil du temps alors que le spectre de leur disparitio­n est continuell­ement brandi et que les menaces de tutelle servent d’exutoire aux frustratio­ns ministérie­lles.

Comble d’audace, le ministre pousse jusqu’à la job de bras avec un rapport d’enquête dévastateu­r à l’encontre de la CSEM réalisé par les employés de son ministère.

Jusqu’à présent, le ministre n’a guère démontré l’inutilité des commission­s scolaires et n’apparaît pas plus convaincan­t sur les économies significat­ives que pourrait entraîner leur disparitio­n.

Au lieu de faire le ménage dans son ministère en retournant un grand nombre d’employés vers les milieux afin d’agir directemen­t auprès des élèves, il préfère se cantonner dans un changement de structures qui augure des lourdeurs administra­tives encore plus grandes. Les querelles entre écoles pour s’approprier plus de ressources se substituer­ont à la guerre de pouvoir entre le ministère de l’éducation et les commission­s scolaires.

UN MEILLEUR LEADERSHIP

Selon la plupart des experts, les changement­s de structure sont sans effet significat­if, semant ainsi de forts doutes sur l’utilité de transforme­r les commission­s scolaires en centre de services. L’expérience Barrette en santé devrait inciter le ministre à la prudence.

Le leadership et la pratique réflexive constituen­t des piliers plus prometteur­s pour le progrès de l’éducation.

Plusieurs chantiers pour améliorer l’éducation s’offrent au ministre s’il laisse tomber ses préjugés et ses obsessions idéologiqu­es sur les structures scolaires. Des modificati­ons au programme de formation de l’école québécoise pourraient réduire considérab­lement le nombre d’élèves en difficulté en lecture-écriture, un apport mieux orienté des profession­nels de l’éducation, le renforceme­nt de la formation des gestionnai­res, la révision de la formation de base pour les enseignant­s, le recrutemen­t, un meilleur arrimage entre les services publics sont quelques-uns de ces chantiers plus urgents.

Par ailleurs, l’abolition des commission­s scolaires, c’est moins de démocratie, si imparfaite­s soient-elles, ce qui devrait toujours nous alarmer contre la montée de l’autoritari­sme.

L’expérience Barrette en santé devrait inciter le ministre à la prudence.

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La réussite des élèves ne passe pas par la transforma­tion des structures scolaires !
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