Le Journal de Quebec

Trois artistes marquants en devenir

Le miel est plus doux que le sang dépeint une rencontre explosive entre Buñuel, Dali et Lorca

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Jeunes étudiants, Luis Buñuel, Salvador Dali et Federico Garcia Lorca cherchaien­t à se définir comme artistes et comme êtres humains. Le miel est plus doux que le sang est une incursion fictive et théâtrale dans l’univers de ces trois créateurs qui se sont liés d’amitié dans le Madrid des années 20.

Le trio a ensuite obtenu succès et reconnaiss­ance. Buñuel est devenu cinéaste ; Dali, un peintre surréalist­e ; et Federico Garcia Lorca, un poète et un dramaturge.

Écrite il y a 25 ans par Simone Chartrand et Philippe Soldevilla, la pièce est à l’affiche au Théâtre Périscope pour souligner les 30 ans de la compagnie Sortie de secours.

Les auteurs se sont inspirés des oeuvres produites par ces trois artistes pour imaginer et recréer cette rencontre explosive entre trois jeunes artistes, vifs et passionnés.

Rustre, Buñuel s’adonne à la boxe et s’intéresse à l’entomologi­e, avant de bifurquer vers la philosophi­e et les lettres.

Federico Garcia Lorca veut devenir écrivain, et le savoureux Dali, interprété par Vincent Legault, excellent, est déjà solidement absorbé par son art.

On suit le trio, de 1919 à 1923, au fil de leur amitié, de leurs remises en question, de leur franchise, de leur folie créatrice et de leur quête artistique.

« Je sais qu’il ne faut se laisser guider par personne. Qu’il faut tenir soi-même le volant », lancera Salvador Dali, lors d’une rencontre avec la chanteuse de cabaret Lolita, un personnage inventé, qui deviendra la muse des trois étudiants. On perd malheureus­ement un peu, ici et là, le texte de la muse en raison de l’accent de la comédienne catalane Savina Figueras.

MISE EN SCÈNE INVENTIVE

Le titre de la pièce fait référence à une oeuvre de jeunesse de Dali où l’on retrouve les traces de cette rencontre entre ces trois artistes en devenir dans une Espagne agitée socialemen­t et politiquem­ent.

Les personnage­s évoluent dans un large plateau scénique où l’on retrouve une chambre, une salle à manger et un cabaret.

La mise en scène de Philippe Soldevilla est vivante. Il y a beaucoup de mouvement et quelques références à l’époque des cabarets au cinéma muet, incluant une séquence très chaplinesq­ue mettant en vedette le trio. Au piano et à la guitare, Antoine Breton interprète les segments musicaux.

L’idée de faire évoluer les trois personnage­s dans une même chambre, en même temps, comme s’ils étaient seuls dans leurs logements respectifs de la Residencia de Estudiante­s de Madrid, à quelques reprises, est inventive et réussie.

L’oeuvre se déploie sous la forme de chroniques parfois un peu philosophi­ques. Le miel est plus doux que le sang est présentée de façon inventive et divertissa­nte, et c’est ce qui fait sa force, après un départ où on se cherche un peu, durant une vingtaine de minutes, avant de trouver ses repères et d’entrer pleinement dans cet univers. On s’approche ensuite du feu qui nourrissai­t Buñuel, Dali et Lorca.

« Si tu aimes les gens simples, Federico, parle d’eux. Ils ont besoin qu’on les entende. » – Lolita

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PHOTOS NICOLA-FRANK VACHON Le miel est plus doux que le sang s’intéresse à la jeunesse artistique de Salvador Dali, Federico Garcia Lorca et Luis Buñuel, sous l’influence de leur muse fictive, Lolita.
 ??  ?? Karine Parisé offre un superbe numéro de flamenco dans le rôle de Paquita.
Karine Parisé offre un superbe numéro de flamenco dans le rôle de Paquita.
 ??  ?? Vincent Legault habite de très belle façon la folie du peintre Salvador Dali.
Vincent Legault habite de très belle façon la folie du peintre Salvador Dali.

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