TRUMP SOUS PRESSION
Seuls deux présidents américains ont été mis en accusation dans l’histoire
Les démocrates ont finalement déclenché hier la procédure de destitution contre le président des États-unis, après un appel controversé de Donald Trump à son homologue ukrainien.
M. Trump aurait demandé à Volodymyr Zelensky de nuire à son potentiel rival à la présidentielle de 2020, Joe Biden.
« Les actes du président jusqu’à ce jour ont violé la Constitution. [...] Le président doit rendre des comptes. Personne n'est au-dessus de la loi », a martelé hier Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants.
« Si tout est avéré, c’est un président des États-unis qui a abusé de son pouvoir pour nuire à un adversaire politique, un cas de corruption flagrant », a estimé Christophe Cloutier-roy, chercheur à l’observatoire sur les États-unis de la Chaire Raoul-Dandurand de L’UQAM.
Les démocrates soupçonnent le chef républicain d’avoir poussé lors d’une conversation téléphonique en juillet, en mettant dans la balance une aide militaire de 400 millions $ US destinée à l’ukraine, M. Zelensky à relancer une enquête qui concerne une société gazière qui comptait le fils de M. Biden au sein de son conseil d’administration.
« CHASSE AUX SORCIÈRES »
Donald Trump a admis publiquement avoir mentionné « Joe » et « Hunter Biden » lors de la conversation controversée, mais dément fermement avoir fait pression sur l’ukraine, dénonçant hier une autre « chasse aux sorcières ».
L’histoire est connue depuis début septembre en raison d’un lanceur d’alerte et suscite beaucoup de réactions chez nos voisins du Sud.
Sous pression, M. Trump a accepté de publier le contenu de sa discussion avec le président ukrainien.
Or, la mesure de destitution n’est pas garantie d’avoir l’effet escompté, puisque le Sénat est à majorité républicaine et normalement fidèle à M. Trump.
« INSOUTENABLE »
« Il y a une nécessité qui a été perçue par Nancy Pelosi et des membres de son caucus d’aller de l’avant, ça devenait insoutenable de ne pas sanctionner le président pour tous ses comportements », a estimé M. Cloutier Roy.
« Ce n’est vraiment pas un geste anodin ce qu’il a fait, mais c’est la goutte qui a fait déborder le vase, a renchéri Pierre Martin, directeur de la Chaire d’études politiques et économiques américaines à l’université de Montréal. Il pourrait quand même être retenu dans l’histoire comme un des seuls présidents à avoir été accusé. »
Andrew Johnson, en 1868, et Bill Clinton, en 1998, l’ont été avant lui.
« LES ACTES DU PRÉSIDENT JUSQU’À CE JOUR ONT VIOLÉ LA CONSTITUTION. [...] LE PRÉSIDENT DOIT RENDRE DES COMPTES. PERSONNE N'EST AU-DESSUS DE LA LOI. » – Nancy Pelosi, présidente démocrate