Le Journal de Quebec

Greta à L’ONU

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Avant toute chose, j’aimerais faire quelques précisions, histoire d’éviter d’être mal compris.

La première : je ne conteste évidemment pas les changement­s climatique­s, non plus que leur gravité. La deuxième : je ne conteste pas non plus qu’ils soient dus pour l’essentiel à l’activité humaine et qu’il sera nécessaire pour nos sociétés de faire de grands changement­s pour lutter contre eux et limiter les dégâts.

La troisième : il est évident que notre modèle de développem­ent économique et civilisati­onnel est intenable et rend la planète inhabitabl­e.

Une fois cela dit, il devrait être possible d’aborder la question environnem­entale sans basculer dans les hallucinat­ions apocalypti­ques à la Greta Thunberg.

APOCALYPSE

Comme tout le monde, j’ai regardé son discours à L’ONU, lundi. Je l’ai trouvé effrayant et vengeur. Avec Greta Thunberg, l’écologisme vire au millénaris­me. Il se transforme en discours sur la fin des temps, comme il y en a eu tant dans l’histoire humaine. Il en appelle à la croisade des enfants, comme si ces derniers devaient faire table rase d’un monde mauvais.

On nous dira que cela est dû au problème médical de Greta Thunberg, qui la pousse à voir le monde en noir et blanc. C’est juste, et on condamnera toute attaque personnell­e contre elle. Mais il devrait y avoir des limites à applaudir une adolescent­e militante qui accuse le monde entier de l’avoir privée de sa jeunesse et de ses rêves.

Il ne s’agit pas de critiquer le messager pour discrédite­r le message. Il s’agit de rappeler qu’on ne saurait jamais diviser le monde entre gentils enfants et méchants adultes.

Critiquer sévèrement ce discours, ce n’est pas diaboliser Greta Thunberg ou manquer de respect à son endroit. Au contraire, cela consiste à la prendre au sérieux, sans la transforme­r en porteuse d’une parole quasi divine, censée réveiller nos conscience­s endormies.

Cela consiste simplement à rappeler que le monde que nous voulons sauver est un monde de libertés, où nul n’est obligé de se prosterner devant une prophétess­e de 16 ans, non plus que devant une icône médiatique mondialisé­e.

Critiquer ce discours, c’est rappeler que la démocratie est indissocia­ble d’une forme de respect minimal de l’autre et que même devant la crise la plus angoissant­e qui soit, il est possible de discuter intelligem­ment des meilleurs moyens d’en sortir.

Il faut conserver son esprit critique.

FANATISME

C’est une chose de souhaiter une jeunesse éclairée, engagée, et à sa manière politisée. Appelons ça l’éducation civique qui prépare à la vie démocratiq­ue. Mais l’embrigadem­ent totalitair­e de la jeunesse en est une autre

Comment ne pas voir qu’elle est aussi victime d’une forme de conditionn­ement idéologiqu­e au nom d’une cause, je le redis, dont je ne conteste pas le caractère vital ?

Critiquer Greta Thunberg et sa manière de défendre sa cause, ce n’est pas faire preuve de gretaphobi­e. Il faudrait apprendre à se méfier des cultes qui poussent à l’admiration obligatoir­e

Quoi qu’on en dise, la jeunesse n’est pas celle qui sait, mais celle qui apprend. Et l’histoire nous apprend qu’elle bascule plus facilement qu’elle ne le croit dans le fanatisme.

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