Le Journal de Quebec

Québec « à genoux » devant les lobbys agricoles, déplore Louis Robert

- CHARLES LECAVALIER

Le gouverneme­nt du Québec ne s’est jamais tenu debout devant l’industrie des pesticides et en est même devenu le complice, a déploré Louis Robert lors d’un témoignage-choc à l’assemblée nationale.

« Nous avons été faibles. Un vieux dicton dit : ils ne sont puissants que parce que nous sommes à genoux. Ça s’applique parfaiteme­nt à cette situation. Nous n’avons pas résisté aux lobbys. Nous sommes devenus leurs complices. Nous, les organisati­ons mandataire­s de l’intérêt public, on n’a tout simplement pas fait notre job », a dénoncé le lanceur d’alerte devant la commission parlementa­ire sur les pesticides.

INGÉRENCE À TOUS LES NIVEAUX

M. Robert a dressé un triste portrait. Le ministère de l’agricultur­e (MAPAQ) a comme objectif de réduire l’usage des pesticides depuis 1992, et a échoué en raison des lobbys.

« Il y a eu de l’ingérence à tous les niveaux », a-t-il dit. Il blâme l’union des producteur­s agricoles, les détaillant­s et l’ordre des agronomes.

Il cite l’exemple des semences traitées aux pesticides. « Le message de la recherche québécoise était très simple. Ce qui aurait dû être véhiculé, c’est de ne pas utiliser ces semences, car elles ne sont pas nécessaire­s », a-t-il dit. Il fait plutôt état d’un travail de démolition de L’UPA et des entreprise­s privées pour dénigrer les résultats de la recherche publique.

Conséquenc­es : l’usage de ces semences s’est répandu, et on tente de le restreindr­e avec une réglementa­tion « qu’on a toutes les misères du monde à respecter », a-t-il déploré.

M. Robert a précisé d’entrée de jeu ne pas être « motivé par la vengeance ». Il affirme qu’il y a déjà des méthodes « sans coût important pour le producteur et même rentable à court terme » pour réduire de façon importante l’épandage des pesticides.

« C’est relativeme­nt simple [...], mais c’est plus compliqué que d’arroser avec du Roundup et de ne pas se casser la tête », a-t-il noté.

CONFLIT D’INTÉRÊTS

Il estime que pour y arriver, il faut toutefois mettre fin aux services-conseils rendus par des agronomes payés par les distribute­urs et les fabricants de pesticides. Ils sont en situation de conflit d’intérêts, a-t-il déploré. Par exemple : 15 agronomes qui ont prescrit à 50 % de l’atrazine. « C’est un symptôme du problème », a-t-il dit. Il demande également que la recherche sur les pesticides soit 100 % publique.

L’agronome de formation a perdu son emploi en début d’année après avoir dénoncé l’ingérence du privé dans la recherche publique sur les pesticides. Il a pu réintégrer son emploi cet été après un rapport dévastateu­r de la vérificatr­ice générale.

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Agronome LOUIS ROBERT

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