Le Journal de Quebec

Legault, le vert pragmatiqu­e

- JONATHAN TRUDEAU @Jetrudeau

« Le décrochage est la perte de portance aérodynami­que d’une surface portante due à un angle d’incidence trop important. »

Voilà la définition que j’ai glanée sur internet pour expliquer le concept dangereux du décrochage dans le milieu de l’aviation. Or, nous avons assisté au paroxysme de ce phénomène, hier, alors que ceux qui lavent plus vert que vert ont exigé d’une seule voix que nous limitions nos déplacemen­ts en avion. Pour la population, c’est le décrochage ultime.

CHAMPAGNE VS LEGAULT

La perte de contrôle s’était déjà accentuée au cours du dernier weekend lorsque le père du Pacte, Dominic Champagne, avait qualifié les caquistes de climatosce­ptiques. Bon, bon, bon. Vous conviendre­z avec moi que le changement de ton est draconien. Car il y a exactement quatre mois aujourd’hui, monsieur Champagne paradait au Conseil général de la CAQ en applaudiss­ant le nouveau gouverneme­nt. Arborant fièrement un macaron « J’aime mon premier ministre », l’homme de bonne volonté reconnaiss­ait le bien-fondé des engagement­s caquistes en matière d’environnem­ent.

Puis, à peine 120 jours plus tard, le voilà qui dénonce avec virulence un bilan qui serait inexistant, alléguant même que les gestes posés tendent plutôt à démontrer une volonté de polluer davantage. Monsieur Champagne tout comme les solidaires et autres groupes de pression ne sont pas forts sur la patience, mettons.

Eux, ils ne choisissen­t pas de voir le verre à moitié plein ou à moitié vide. Non, ils le voient vide. Point. Pourtant, quand on s’y arrête un instant et objectivem­ent, il est difficile de ne pas voir plusieurs gestes positifs posés par le gouverneme­nt en moins d’une année au pouvoir. À commencer par l’annonce de la refonte de l’inefficace Fonds vert, la volonté de signer de multiples ententes pour exporter davantage d’hydroélect­ricité, notamment avec l’état de New York, ou encore le financemen­t du projet de tramway de Québec. Certains se réjouissen­t même de la déclaratio­n sur le « pétrole sale » de l’ouest canadien, symbole de l’opposition du PM à un projet d’oléoduc qui passerait sur le territoire québécois.

Bref, monsieur Legault veut en faire plus pour diminuer notre empreinte, améliorer notre bilan. Mais il comprend que le tout doit se faire dans l’ordre et que le développem­ent économique et la prospérité du Québec demeurent également des enjeux fondamenta­ux. Et j’ai la forte impression que les électeurs apprécient ce discours. Ils se reconnaiss­ent dans « l’urgence pragmatiqu­e » évoquée par le chef caquiste.

À l’inverse, ils ne s’identifien­t pas aux discours extrêmes, dépourvus de toutes nuances. Comme quand on leur demande de ne plus prendre l’auto. De ne plus prendre l’avion. De ne plus faire d’enfants.

Vous me direz qu’ils seront des dizaines, voire des centaines de milliers à marcher pour le climat vendredi. Vrai. Mais vous savez quoi ? Si le ton ultra alarmiste et les attentes utopiques faisaient place à davantage d’équilibre, nous serions des millions. Faire adhérer, plutôt que faire décrocher. Ce serait bien ? Non ?

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Les électeurs se reconnaiss­ent dans « l’urgence pragmatiqu­e » évoquée par le chef caquiste, François Legault.

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