Une grange de la discorde sera détruite
Le propriétaire promet des travaux depuis 15 ans
DRUMMONDVILLE | Une municipalité de 388 habitants du Centre-du-québec a déboursé plus de 75 000 $ en frais juridiques pour démolir une grange qu’elle juge dangereuse et que le propriétaire promet de réparer depuis 15 ans.
La Municipalité de Sainte-hélène-deChester, près de Victoriaville, avait mandaté un entrepreneur, lundi, pour démolir une grange vétuste située sur le 3e Rang, comme le lui permettait un jugement de la Cour.
Le propriétaire, Jean-pierre Auclair, attendait les démolisseurs de pied ferme, lundi, sur le toit de son bâtiment et menaçait de s’y attacher pour empêcher sa destruction.
L’huissier a agi comme médiateur, et la municipalité a accordé un ultime délai jusqu’au lundi 30 septembre pour permettre au propriétaire de vider sa grange.
SEPT SEMI-REMORQUES
Depuis six semaines, l’homme de 78 ans a rempli sept semi-remorques de matériel, avec l’aide d’employés, de son frère et de deux cousins de Boston.
En 2005, le maire Lionel Fréchette avait demandé à M. Auclair de réparer sa grange en décrépitude, à la suite de plaintes de citoyens.
L’ex-entrepreneur en rénovation dit avoir manqué de temps, même s’il s’était engagé par écrit à faire les travaux, qui n’ont pas été effectués, selon l’élu.
En 2014, la municipalité a entrepris des procédures judiciaires et elle a eu gain de cause. Le propriétaire a contesté les décisions jusqu’à la Cour suprême, qui n’a finalement pas entendu le dossier.
Toute cette saga aurait coûté à SainteHélène-de-chester 75 000 $ en frais d’avocats, soit environ 7 % de son budget annuel de 1,1 million $, selon la directrice générale du village, Chantal Baril.
« UN NID À FEU »
En 2016, un rapport du service de la sécurité publique de Victoriaville dénonçait l’instabilité du bâtiment, le mauvais entretien des éléments électriques et l’entreposage non sécuritaire de bonbonnes, bouteilles et réservoirs de gaz comprimé.
« Cette grange […] constitue un nid à feu, et l’expert préventionniste explique qu’il n’oserait pas s’avancer sur le plancher supérieur. S’il advenait un incendie, aucun membre des services de la sécurité publique ne pourrait y pénétrer pour tenter de secourir une personne », écrit le juge Jocelyn Geoffroy.
« Il n’y a aucune acceptation de ma part. Je n’ai pas le choix », souffle celui qui devra assumer les dizaines de milliers de dollars que coûtera la démolition prévue lundi matin.