Départs en masse chez RONA
Une douzaine de quincailleries ont quitté le navire depuis l’achat par Lowe’s
Dans la tourmente depuis son rachat par l’américaine Lowe’s, RONA voit de plus en plus de quincailleries quitter le navire au profit de concurrents 100 % québécois, a appris Le Journal.
La saignée se poursuit pour Lowe’s, qui a déjà radié il y a quelques mois 1 milliard $ US de la valeur de ses activités canadiennes.
Mécontents des façons de faire de l’entreprise, de plus en plus de commerçants indépendants claquent la porte. Plusieurs d’entre eux – ils seraient une douzaine – ont abouti chez BMR, propriété de La Coop fédérée.
« Ça n’a pas été une décision facile à prendre, ça fait 31 ans qu’on était avec RONA. Mais avec Lowe’s, le modèle du magasin de proximité agonise. Les petits marchands étaient laissés à eux-mêmes », déplore Stéphane Baril, propriétaire d’un magasin de l’arrondissement Saint-hubert, à Longueuil.
À sa grande surprise, RONA « n’a pas fait des pieds et des mains » pour le convaincre de rester.
Même son de cloche chez Stéphanie Moisan, propriétaire d’une quincaillerie dans la région de Québec et qui est elle aussi passée de RONA à BMR, en 2017.
« Avec Lowe’s, on était vraiment rendus des seconds joueurs. Ils n’étaient pas du tout à l’écoute des marchands », dit-elle.
Selon elle, Lowe’s « ne comprend tout simplement pas » le Québec.
Les temps sont durs pour RONA et Lowe’s, confirme le professeur et titulaire de la Chaire de gouvernance d’entreprise S.-A. Jarislowsky, Michel Magnan, rappelant que la société a fermé la totalité de ses magasins au Mexique, en avril.
« Ils trouvent probablement que [les opérations canadiennes] sont compliquées pour ce qu’elles rapportent », dit-il. Il ne s’attend toutefois pas à ce que Lowe’s ferme ou vende ses commerces au Québec.
LA HAUTE DIRECTION DÉBARQUE
Peut-être est-ce justement pour mieux comprendre le marché québécois que la haute direction américaine de Lowe’s a débarqué de la Caroline du Nord récemment pour visiter des concurrents locaux, notamment des magasins Canac.
« Effectivement, ils sont venus à Québec. C’est de bonne guerre », dit le président de Canac, Jean Laberge. « Lowe’s a un peu de misère. Elle n’a pas notre croissance et on grignote des parts de marché. Ils tentent de redresser la situation et de voir ce qui se passe ici. »
Il n’a pas été possible, hier, de s’entretenir avec le président et chef de la direction de Lowe’s Canada, Sylvain Prud’homme. Une porte-parole de l’entreprise, à Boucherville, a toutefois laissé entendre que les changements de bannière sont chose commune dans l’industrie des quincailleries.
« Au final, ce qu’on note, c’est que le nombre de magasins affiliés à l’enseigne RONA au pays est demeuré très stable au cours de la dernière année », a indiqué Valérie Gonzalo.
Selon elle, les marchands « continuent d’être satisfaits de leur partenariat avec l’enseigne RONA ».
Elle confirme également le passage du PDG de Lowe’s Marvin Ellison dans des magasins d’enseignes concurrentes.
« Le but [était] d’avoir une meilleure compréhension de l’environnement concurrentiel dans lequel nous évoluons. »
–Avec Jean-michel Genois Gagnon