Le Journal de Quebec

Départs en masse chez RONA

Une douzaine de quincaille­ries ont quitté le navire depuis l’achat par Lowe’s

- PHILIPPE ORFALI

Dans la tourmente depuis son rachat par l’américaine Lowe’s, RONA voit de plus en plus de quincaille­ries quitter le navire au profit de concurrent­s 100 % québécois, a appris Le Journal.

La saignée se poursuit pour Lowe’s, qui a déjà radié il y a quelques mois 1 milliard $ US de la valeur de ses activités canadienne­s.

Mécontents des façons de faire de l’entreprise, de plus en plus de commerçant­s indépendan­ts claquent la porte. Plusieurs d’entre eux – ils seraient une douzaine – ont abouti chez BMR, propriété de La Coop fédérée.

« Ça n’a pas été une décision facile à prendre, ça fait 31 ans qu’on était avec RONA. Mais avec Lowe’s, le modèle du magasin de proximité agonise. Les petits marchands étaient laissés à eux-mêmes », déplore Stéphane Baril, propriétai­re d’un magasin de l’arrondisse­ment Saint-hubert, à Longueuil.

À sa grande surprise, RONA « n’a pas fait des pieds et des mains » pour le convaincre de rester.

Même son de cloche chez Stéphanie Moisan, propriétai­re d’une quincaille­rie dans la région de Québec et qui est elle aussi passée de RONA à BMR, en 2017.

« Avec Lowe’s, on était vraiment rendus des seconds joueurs. Ils n’étaient pas du tout à l’écoute des marchands », dit-elle.

Selon elle, Lowe’s « ne comprend tout simplement pas » le Québec.

Les temps sont durs pour RONA et Lowe’s, confirme le professeur et titulaire de la Chaire de gouvernanc­e d’entreprise S.-A. Jarislowsk­y, Michel Magnan, rappelant que la société a fermé la totalité de ses magasins au Mexique, en avril.

« Ils trouvent probableme­nt que [les opérations canadienne­s] sont compliquée­s pour ce qu’elles rapportent », dit-il. Il ne s’attend toutefois pas à ce que Lowe’s ferme ou vende ses commerces au Québec.

LA HAUTE DIRECTION DÉBARQUE

Peut-être est-ce justement pour mieux comprendre le marché québécois que la haute direction américaine de Lowe’s a débarqué de la Caroline du Nord récemment pour visiter des concurrent­s locaux, notamment des magasins Canac.

« Effectivem­ent, ils sont venus à Québec. C’est de bonne guerre », dit le président de Canac, Jean Laberge. « Lowe’s a un peu de misère. Elle n’a pas notre croissance et on grignote des parts de marché. Ils tentent de redresser la situation et de voir ce qui se passe ici. »

Il n’a pas été possible, hier, de s’entretenir avec le président et chef de la direction de Lowe’s Canada, Sylvain Prud’homme. Une porte-parole de l’entreprise, à Bouchervil­le, a toutefois laissé entendre que les changement­s de bannière sont chose commune dans l’industrie des quincaille­ries.

« Au final, ce qu’on note, c’est que le nombre de magasins affiliés à l’enseigne RONA au pays est demeuré très stable au cours de la dernière année », a indiqué Valérie Gonzalo.

Selon elle, les marchands « continuent d’être satisfaits de leur partenaria­t avec l’enseigne RONA ».

Elle confirme également le passage du PDG de Lowe’s Marvin Ellison dans des magasins d’enseignes concurrent­es.

« Le but [était] d’avoir une meilleure compréhens­ion de l’environnem­ent concurrent­iel dans lequel nous évoluons. »

–Avec Jean-michel Genois Gagnon

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PHOTO AGENCE QMI, STEVE MADDEN Stéphane Baril, propriétai­re d’une quincaille­rie sur la Rive-sud de Montréal, a claqué la porte de RONA à la suite de la vente à Lowe’s pour aller chez BMR. Un choix qu’il ne regrette pas.
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MARVIN ELLISON PDG de Lowe’s

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