Le Journal de Quebec

Ils font plier un géant du chocolat

Les syndiqués obtiennent notamment des augmentati­ons de 20,5 % sur six ans

- FRANCIS HALIN

Les 365 travailleu­rs de l’usine de chocolat Barry Callebaut de Saint-hyacinthe ont réussi à faire plier le géant suisse 48 heures après avoir déclenché une grève générale pour avoir de meilleurs salaires.

« Elles sont dures, ces grosses compagnies-là. Ce n’était pas facile », a reconnu le président du syndicat, Roland Piché, soulagé, après l’acceptatio­n de l’entente de principe avec l’employeur par 72 % des travailleu­rs, hier midi.

Depuis dimanche dernier, les employés de l’usine Barry Callebaut étaient en grève générale illimitée pour protester contre la surcharge de travail et les salaires trop bas, selon le syndicat affilié à la Confédérat­ion des syndicats nationaux (CSN).

Or, à peine deux jours après le déclenchem­ent de la grève, le géant suisse, qui vaut 15 milliards $ en Bourse, a réussi à faire une offre alléchante à ses travailleu­rs québécois.

Pour calmer le jeu, Barry Callebaut a ouvert 26 postes réguliers à temps complet. Elle a octroyé une augmentati­on de salaire de 20,5 % sur six ans, soit 5 % la première et la troisième année et 4,5 % la quatrième, en plus de bonifier les primes de soir, de nuit et de fin de semaine de 50 % et de payer 60 % de l’assurance collective, plutôt que 50 %.

Des gains significat­ifs que le syndicat attribue à la pénurie de main-d’oeuvre, qui redonne un rapport de force aux travailleu­rs quand vient le temps de négocier. Une bénédictio­n pour les employés de l’usine de la Montérégie.

UNE HISTOIRE DE FAMILLE

À Saint-hyacinthe, l’usine Barry Callebaut ne fait pas que du chocolat. Elle fait battre le coeur économique de la région depuis des génération­s, malgré ses changement­s de propriétai­re.

Au début des années 1960, c’est Régent Chocolat qui impose l’odeur du cacao dans la ville. Plus tard, Comète prendra la relève, avant d’être avalée par Callebaut en 1990, qui deviendra à son tour Barry Callebaut quelques années après.

« On s’est rencontrés ici, il y a 28 ans, à l’usine, quand on était plus jeunes… et plus beaux aussi », confie à la blague l’opérateur au départemen­t de chocolat, Marc-andré Bergeron, en prenant le bras de sa femme, Linda Cournoyer, qui travaille avec lui.

À l’usine, les gens de manoeuvre gagnent entre 20 $ et 26 $ l’heure, mais la charge de travail augmente sans cesse, déplore-t-il.

« On est bien payés, mais ils nous en demandent toujours plus », ajoute sa femme, Linda Cournoyer, à ses côtés.

Dans leurs voix, on sent la fierté de travailler à l’usine qui a vu naître leur amour.

« Près de 90 % de ce que l’on fait ici s’en va aux États-unis en citerne. On a aussi des clients comme Hershey’s ou Russell Stover », conclut Marc-andré Bergeron, sourire aux lèvres.

Jointe par Le Journal, Barry Callebaut s’est montrée optimiste pour la suite. « Les deux parties ont travaillé fort pour trouver une solution rapide et sont impatiente­s d’aller de l’avant », a indiqué sa responsabl­e des communicat­ions Sylvia Maldonado par courriel.

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PHOTO FRANCIS HALIN Au fil des ans, plusieurs couples se sont formés à l’usine Barry Callebaut de Saint-hyacinthe, comme celui de Marc-andré Bergeron et Linda Cournoyer, qui sont ensemble depuis près de 30 ans.

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