Le Journal de Quebec

Des refuges lancent un cri d’alarme

Lauberiviè­re et la Maison Dauphine manquent de personnel

- DOMINIQUE LELIÈVRE

Frappés par la pénurie de maind’oeuvre, des organismes de Québec craignent de manquer de moyens pour nourrir et héberger convenable­ment les personnes itinérante­s et les jeunes de la rue cet hiver.

Le signal d’alarme est venu de la Maison de Lauberiviè­re, hier. En manque de cuisiniers, d’agents d’interventi­on et de sécurité, ou encore d’intervenan­ts en relation d’aide, le refuge a pris les grands moyens en lançant un appel à l’aide dans les médias.

« C’est la première fois que l’on fait ça. C’est une stratégie de dernier recours. On offre des services de première ligne, nos services sont essentiels. Ce n’est pas comme aller chercher un café dans un restaurant. À Lauberiviè­re, si tu n’as pas les services, tu vas avoir faim, c’est tout », se désole Éric Boulay, directeur général de l’institutio­n.

URGENT

La pénurie de main-d’oeuvre plongerait l’organisme dans une situation « critique ». Par exemple, dans les cuisines, il n’y a que deux salariés pour servir entre 300 et 500 repas par jour, alors qu’il en faudrait au moins trois.

Ils sont heureuseme­nt aidés par de nombreux bénévoles, mais il suffirait que le chef cuisinier tombe malade pour que l’aide alimentair­e soit perturbée, souligne M. Boulay.

« C’est sûr que c’est préoccupan­t. Chaque matin, je me dis : est-ce que ce soir on va être bon pour pouvoir servir le repas encore ? » dit-il.

Quant à l’hébergemen­t, il n’est pas encore question de couper dans les 86 lits disponible­s.

« On ne veut pas se rendre là », indique M. Boulay. Cependant, sans nouvelles embauches, certains services d’urgence pourraient écoper.

Depuis trois fins de semaine, Lauberiviè­re doit d’ailleurs composer avec l’absence d’intervenan­ts la nuit.

« Il faut que j’aie des CV, il faut que j’aie les gens pour être en mesure d’affronter l’hiver qui s’en vient », exhorte le directeur général.

AILLEURS AUSSI

En Haute-ville, la Maison Dauphine s’est tout de suite reconnue dans les difficulté­s vécues à Lauberiviè­re. Le recrutemen­t est plus compliqué que jamais, confirme Carole Dion, coordonnat­rice au développem­ent des programmes.

« On vit la même chose. Pour être la personne qui met les offres d’emploi en ligne, je les ai mises partout, et il n’y a pratiqueme­nt pas de CV qui entrent », affirme Mme Dion.

À quelques semaines de l’ouverture de l’hébergemen­t de nuit, qui accueille une dizaine de jeunes de la rue six mois par année, l’organisme n’a toujours pas trouvé d’intervenan­ts pour assurer ce service la fin de semaine.

Sans eux, des jeunes devront peut-être dormir dans la rue deux nuits par semaine, craint Mme Dion.

« On ratisse plus large. J’ai même envoyé dans les centres de formation profession­nelle pour les agents de sécurité. J’ai envoyé partout, partout », lance-t-elle avec consternat­ion.

Pour le moment, les autres services, dont ceux alimentair­es, ne sont pas affectés par la pénurie de main-d’oeuvre, les employés de La Dauphine étant fidèles et dévoués.

« On se croise les doigts. On espère beaucoup que d’ici le 1er novembre, on va avoir des gens. Ça prend juste deux personnes», termine Mme Dion.

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PHOTO STEVENS LEBLANC Le directeur général Éric Boulay dans la cuisine de Lauberiviè­re.

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