Le Journal de Quebec

Une cagnotte de 7 milliards de dollars aux municipali­tés

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

En vertu du nouveau pacte fiscal que les municipali­tés viennent de conclure avec le gouverneme­nt Legault, elles vont recevoir au cours des cinq prochaines années, selon la Fédération québécoise des municipali­tés, la somme totale d’environ 7,2 milliards $.

Pour « apprécier » à sa juste valeur ce nouvel accord de partenaria­t entre Québec et les municipali­tés, sachez que la cagnotte offerte est deux fois plus élevée que celle versée dans le cadre du pacte fiscal actuel, lequel prend fin cette année. Au nombre des nouveautés fiscales que la Fédération québécoise des municipali­tés et l’union des municipali­tés du Québec ont réussi à arracher au gouverneme­nt Legault, mentionnon­s le revenu supplément­aire que leur rapportera une portion de la croissance annuelle des revenus que le gouverneme­nt du Québec encaisse avec sa TVQ de 9,975 %.

Le gouverneme­nt leur versera ladite croissance sur un point de TVQ. Selon les projection­s du ministère des Finances, cela devrait rapporter d’ici 2024 quelque 730 millions de dollars de recettes additionne­lles aux municipali­tés.

LEGAULT INQUIET

Lors de l’allocution qu’il avait prononcée en mai dernier devant les élus municipaux réunis au Congrès de l’union des municipali­tés, le premier ministre François Legault leur avait fait part de son inquiétude devant la rémunérati­on des fonctionna­ires municipaux.

Pour des postes équivalent­s, avait-il dit, les employés municipaux gagnent une rémunérati­on (salaire et avantages sociaux) qui dépasse de 30 % celle des employés du gouverneme­nt du Québec.

« Qu’est-ce qu’on fait ensemble pour faire face à ça ? » leur a-t-il demandé. La question du premier ministre était d’autant pertinente que la rémunérati­on du personnel représente 42 % des dépenses municipale­s. En 2017, dernière année disponible, la rémunérati­on dans les municipali­tés s’élevait à 8,3 milliards $, sur des dépenses totales de 19,8 milliards $.

La question qui tue : les élus municipaux réussiront-ils à convaincre leurs employés qu’ils gagnent déjà une rémunérati­on fort élevée par rapport aux fonctionna­ires du gouverneme­nt provincial et qu’en conséquenc­e, il serait malvenu de leur accorder les mêmes hausses de salaire que Québec offrira aux employés de l’état lors du renouvelle­ment de ses convention­s collective­s ?

DÉPENDANCE À L’IMPÔT FONCIER

Dans ses récentes allocution­s, le président de l’union des municipali­tés et maire de Drummondvi­lle, Alexandre Cusson, a tenu à rappeler au gouverneme­nt Legault que les municipali­tés avaient fortement contribué au retour à l’équilibre budgétaire du Québec en se faisant couper en 2015 quelque 300 millions $ de revenus par l’ancien gouverneme­nt Couillard.

M. Cusson a calculé que cette compressio­n de 300 millions $ vaut à elle seule aujourd’hui un manque à gagner de 888 millions $. Autre problème financier majeur pour les municipali­tés, selon lui : les municipali­tés sont responsabl­es de l’entretien de 58 % des infrastruc­tures publiques, alors qu’elles ne reçoivent que 8 % de l’ensemble des taxes et des impôts prélevés au Québec.

Par ailleurs, la « dépendance des municipali­tés à l’impôt foncier » cause également des maux de tête aux élus municipaux. Pourquoi? L’évaluation foncière des bâtiments commerciau­x et industriel­s risque de baisser considérab­lement lors les prochaines années en raison de la croissance du commerce en ligne, de l’informatis­ation industriel­le, entre autres.

Les taxes sur les propriétés immobilièr­es au Québec représente­nt environ 70 % de l’ensemble des revenus municipaux, à comparer à 40 % en Ontario.

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