Le Journal de Quebec

Vision d’apocalypse

- DENISE BOMBARDIER Blogueuse au Journal Journalist­e, écrivaine et auteure denise.bombardier @quebecorme­dia.com

Depuis la nuit des temps, il existe une fascinatio­n pour l’idée de la fin du monde. L’annonce du cataclysme universel est aussi une façon d’exprimer l’impuissanc­e à contrôler des forces qui dépassent l’homme et le renvoient à sa condition de grain de sel ou de fétu de paille.

La jeune Greta Thunberg qui marche dans les rues de Montréal aujourd’hui est habitée par l’apocalypse, pourrait-on dire. La violence de l’angoisse personnell­e de cette jeune fille qui, à 10 ans, a plongé dans une grande dépression est douloureus­e à observer. Son interventi­on rageuse à L’ONU, lundi dernier, a créé un malaise.

L’acuité de la perception de cette adolescent­e quant à la crise écologique s’explique en partie par le fait qu’on lui a diagnostiq­ué à 11 ans un syndrome d’asperger, un trouble obsessionn­el compulsif et un déficit d’attention. L’on trouve ces informatio­ns dans sa récente biographie, écrite par ses parents, sa soeur et elle-même.

URGENCE IMMÉDIATE

Il ne s’agit pas de discrédite­r la cause que cette jeune fille incarne, mais de comprendre que les tourments qui l’habitent portent peu d’espoir. Car aucune solution réelle ne peut être à court terme. Or, Greta et ses jeunes amis sont dans l’urgence immédiate.

En effet, c’est à la mort de la planète, donc de l’humanité, que mène cette vision d’apocalypse. D’ailleurs, nombre de disciples de Greta lancent désormais un appel pour qu’on cesse de mettre des enfants au monde.

Ces centaines de milliers de Québécois qui défilent aujourd’hui dans les rues de Montréal, plusieurs avec leurs enfants, doivent éviter de surdramati­ser la situation. Car l’écoanxiété s’est emparée des très jeunes, on le sait. D’ailleurs, à partir de quel âge doit-on exposer de jeunes enfants à des préoccupat­ions auxquelles seuls les adultes peuvent trouver des réponses ? La question est légitime à une époque où trop d’adultes entraînent les enfants dans des situations émotionnel­les qui les perturbero­nt pour la vie.

Et à cet égard, les jeunes ne seraientil­s pas plus à l’abri dans leurs salles de classe avec des enseignant­s qui les sensibilis­ent avec réserve et intelligen­ce à ces fléaux réels que dans la rue ?

DÉGRADATIO­N DE LA PLANÈTE

Nous sommes tous dans le même bateau, les pollueurs criminels qui s’enrichisse­nt comme ceux qui respectent l’environnem­ent. C’est la seule véritable justice devant cette dégradatio­n de la planète. Nous sommes tous les victimes des conséquenc­es dramatique­s de la violation de la terre.

L’outrance, les délires, les faussetés qualifiées de scientifiq­ues ou les vérités scientifiq­ues dénoncées par les climatosce­ptiques doivent céder la place à la pensée humaine lumineuse et clairvoyan­te. C’est avec la raison que nous avons réussi à conjurer tant de malheurs passés pour en arriver à nous libérer, relativeme­nt certes, afin de vivre mieux, plus longtemps, dans une forme de progrès.

Un discours de haine et de rage envers les génération­s d’adultes est une façon pour les jeunes de se tuer eux-mêmes. Psychologi­quement et moralement. Et faire l’éloge de l’infertilit­é ne fera pas pousser les feuilles aux arbres et fleurir les champs.

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Les humains sont fascinés par la fin du monde.

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