Le Journal de Quebec

SAINTE-MARIE SE VIDE PAR MORCEAUX

Le nombre de à démolir continue de grimper à Sainte-marie, où les résidents se dépêchent de revendre les matériaux de maison toujours en état.

- ARNAUD KOENIG-SOUTIÈRE

SAINTE-MARIE | Des centaines de résidents de Sainte-marie disent adieu à une partie de leur vie, alors que leur propriété tombe sous les pics des démolisseu­rs. Certains citoyens tentent de limiter les dégâts en revendant leur maison à la pièce avant que tout ne soit rasé.

Pendant que les pelles mécaniques mettent à terre plusieurs bâtiments chaque jour, les sinistrés revendent littéralem­ent pièce par pièce leur maison avant qu’elle ne soit rasée.

Les matériaux vendus à bas prix dans les petites annonces vont dans toutes les directions : des portes d’extérieur, des fenêtres, des foyers, du revêtement de vinyle, des poutres de soutien, des rambardes de balcon.

« Tout le monde fait ça », constate Réjean Marcoux, rencontré samedi sur la rue Notre-dame à Sainte-marie, où il achevait de détruire un bâtiment, aux commandes de sa pelle mécanique.

« S’ils se font 100 $, c’est 100 $ de plus. C’est pour ça que toutes les maisons sont désossées de même. Il y avait des maisons fraîchemen­t rénovées là-dedans. Tout se revend », poursuit-il.

Dany Cloutier est l’un des nombreux Beaucerons à avoir été actif dernièreme­nt dans les petites annonces. Le résident de Sainte-marie a rapidement trouvé preneur pour l’ensemble de ses fenêtres, évitant ainsi qu’elles prennent le chemin des conteneurs à déchet quand son domicile sera démoli cette semaine.

« J’ai tout revendu ce que je pouvais vendre. C’est un petit montant. J’ai fait des prix et c’est parti assez vite », raconte M. Cloutier.

Jean-bernard Gilbert a suivi une voie semblable, donnant quelques matériaux et en gardant d’autres pour des travaux futurs, que ce soit à son érablière ou dans la nouvelle résidence familiale. L’exercice ne s’est pas fait sans pincement au coeur, comme l’exprime la planche commémorat­ive recelant plusieurs souvenirs familiaux qu’il a installée sur le terrain, maintenant vide ( voir photo).

« La majorité de la maison était neuve. On y a vécu une vie, mais les inondation­s nous l’ont détruite chaque fois. La meilleure solution est de dire adieu à notre passé et d’aller de l’avant », se résigne M. Gilbert, lequel attend toujours le dernier versement d’indemnisat­ion du gouverneme­nt, près de deux mois après la démolition de sa

maison.

AFFAIRES EN OR

Si ces échanges donnent aux sinistrés un peu de souffle pour les aider à se reforger une demeure, ils constituen­t aussi de bonnes affaires pour les acheteurs.

Une quinquagén­aire a fait près de trois heures de route à partir de SaintRoch-des-aulnaies, près de La Pocatière, pour démonter une porte ancestrale. « Avec de beaux vitraux comme ça, ça coûte quelques milliers de dollars. J’ai une maison centenaire, donc ça permet de rénover avec des matériaux de la même époque », indique-t-elle.

« Dans cette triste réalité que vivent les gens de Sainte-marie, nous voyons l’occasion de sauver un petit bout d’histoire », estime Roxane Bégin, qui souligne le côté écologique derrière la récupérati­on des matériaux.

PLUS DE 200

Les pronostics initiaux prévoyaien­t qu’entre 125 et 150 maisons de Sainte-marie seraient rasées. Or, les avis de démolition ne dérougisse­nt pas.

Ce sont maintenant quelque 214 maisons et immeubles à logements qui laisseront place à des terrains vagues, dont la vocation reste à déterminer par la Ville de Sainte-marie.

« On a encore une liste. Il y en a plusieurs autres qui s’en viennent », laisse entendre le conseiller municipal Claude Gagnon.

« Le problème, c’est la relocalisa­tion. Il n’y a presque plus de terrains », s’inquiète-t-il.

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Les Beaucerons résignés à démolir leurs maisons tentent de limiter les dégâts en les revendant à la pièce.
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PHOTOS ARNAUD KOENIG-SOUTIÈRE ET CAPTURES D’ÉCRAN La famille Gilbert, qui vivait sur l’avenue Saint-patrice, à Sainte-marie, a placé cette pancarte en souvenir de son ancienne résidence et de son chat, Clochette, disparu lors des inondation­s. 2. et 3. Des maisons en démolition. 4. et 5. Plusieurs vendent des « morceaux » de leur ancienne maison sur internet. On peut notamment y trouver poêles et matériaux de constructi­on.
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CLAUDE GAGNON Conseiller municipal

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