Gros pari politique
GUILLAUMEST-PIERRE
Ce n’est pas tous les jours qu’on voit un parti politique promettre de doubler le déficit. C’est pourtant la stratégie qu’ont adoptée hier les libéraux de Justin Trudeau.
Le chef libéral a présenté hier sa plateforme électorale complète, ainsi que son cadre financier.
Premier constat : la notion d’équilibre budgétaire est devenue étrangère au parti de Paul Martin.
Non seulement le plan ne comporte aucun plan de retour au déficit zéro, mais il contient des milliards en dépenses supplémentaires.
Ainsi, les libéraux comptent ajouter 57 G$ en nouveaux « investissements » dans les quatre prochaines années.
Pendant ce temps, le Parti libéral calcule être en mesure d’aller chercher 25 G$ en nouveaux revenus.
Résultat : sous un deuxième gouvernement Trudeau, le déficit atteindrait 21 G$ dans quatre ans, au lieu des 11 G$ prévus à l’heure actuelle.
Justin Trudeau assure que son plan est prudent et qu’il repose sur des prévisions de croissance économique « pessimistes ».
Il n’en demeure pas moins que les libéraux comptent payer une partie de leurs promesses électorales avec de nouveaux revenus difficiles à évaluer, selon le Directeur parlementaire du budget, un haut fonctionnaire indépendant.
On parle entre autres ici de la taxe sur les géants du web et les produits de luxe.
TACTIQUE
Les libéraux font le pari que les Canadiens ne feront pas attention aux déficits structuraux qui s’accumulent.
Ils forcent aussi les conservateurs, qui ont promis de rétablir l’équilibre en cinq ans, à expliquer comment ils y parviendraient.
Andrew Scheer assure que l’atteinte du déficit zéro ne se fera pas au détriment des services aux citoyens.
Comme le chef conservateur a déjà fait des milliards en promesses électorales, il devra donc probablement trouver d’autres sources de revenus.
Si M. Scheer souhaitait jouer la carte de la discipline budgétaire en campagne électorale, il commence à se faire tard.