« Ridicule et irresponsable », selon les conservateurs
OTTAWA | (Agence QMI) La plateforme libérale présentée hier, qui prévoit 92 milliards $ en déficit pour les quatre prochaines années, a été pourfendue par les autres partis.
Particulièrement incisif, le Parti conservateur a parlé d’une « plateforme pleine de promesses ridicules » pour qualifier le plan de match présenté par Justin Trudeau à Mississauga, en Ontario.
« Il agit comme quelqu’un de complètement irresponsable en tentant de jouer avec les chiffres. […] Les libéraux n’ont aucun sens de la responsabilité », a renchéri le député conservateur sortant Pierre Paul-hus, en entrevue à LCN hier après-midi.
La plateforme libérale prévoit un déficit de 27 milliards $ lors de la première année d’un gouvernement libéral, puis des déficits successifs de 23, 21 et 21 milliards $. Ces dépenses serviraient à financer une foule de mesures destinées à la classe moyenne, mais elles n’empêcheraient pas le ratio entre la dette et le PIB du Canada de se rétrécir, a fait valoir le Parti libéral.
Pour leur part, les conservateurs proposent un retour à l’équilibre budgétaire d’ici cinq ans, et ce, sans coupes dans les services. « Depuis le début de la campagne, M. Scheer a été clair là-dessus. Tout ce qui est services pour les citoyens, on va maintenir les services », a assuré M. Paul-hus.
« Ce qui est important pour nous, c’est de voir à ce que le citoyen en ait pour son argent […], que les plus faibles de la société soient bien protégés, que nos programmes en services sociaux soient là », a-t-il poursuivi.
Le conservateur a aussi dénoncé que les déficits surviennent en période de prospérité économique, ne laissant guère de marge de manoeuvre dans l’éventualité d’une récession.
Rappelons qu’en 2015, Justin Trudeau s’était engagé à équilibrer le budget lors de la dernière année de son mandat. Or, le dernier budget présenté en mars dernier prévoit un déficit d’environ 20 milliards $.
LES FISCALISTES MOINS CRITIQUES
Des analystes se sont toutefois montrés beaucoup moins critiques vis-à-vis des propositions libérales.
Ainsi, le directeur de l’organisme Canadiens pour une fiscalité équitable, Toby Sanger, s’est réjoui de constater que les libéraux veulent imposer les géants du numérique (GAFAM), en faisant valoir que le plan du premier ministre sortant ressemble à celui de la France.
« C’est bien de voir qu’ils comptent enfin agir là-dessus. Il était temps, mais nous aurons besoin de bien plus pour nous assurer que les multinationales paient leur juste part », a commenté Toby Sanger à l’aide de son compte Twitter.
Pour sa part, l’institut des finances publiques et de la démocratie de l’université d’ottawa a jugé « bonne » la plateforme libérale en matière de responsabilité fiscale et de transparence, et « passable » sur le plan de la crédibilité des projections économiques.