Le Journal de Quebec

Trump veut faire arrêter un démocrate pour « trahison »

L’enquête sur l’affaire ukrainienn­e progresse, le président américain s’emporte

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WASHINGTON | (AFP) Sous la menace d’une procédure de destitutio­n, Donald Trump a encore fait monter d’un cran la surenchère verbale hier en suggérant de faire arrêter un élu démocrate du Congrès pour « trahison ».

Un nouveau sondage de l’université Quinnipiac devrait contribuer à renforcer l’inquiétude – palpable – du président américain. Il montre un bond en avant du nombre d’électeurs qui estiment qu’il devrait être destitué : ils étaient 37 % il y a une semaine, ils sont désormais 47 %, à égalité parfaite avec ceux qui estiment qu’il ne devrait pas l’être.

Au milieu d’une rafale de tweets à la tonalité particuliè­rement agressive, le 45e président des États-unis s’en est pris avec virulence à l’élu démocrate qui supervise cette enquête, Adam Schiff.

« Adam Schiff a fait, illégaleme­nt, une déclaratio­n FAUSSE et terrible, sur mon échange avec le président ukrainien [...] Cela n’a rien à voir avec ce que j’ai dit. Doit-il être arrêté pour trahison ? » a lancé M. Trump.

ENQUÊTE

Les démocrates ont ouvert il y a six jours une enquête contre le milliardai­re républicai­n en vue d’une destitutio­n. Si la Chambre, aux mains de l’opposition, vote la mise en accusation ( impeachmen­t) du milliardai­re, il reviendra ensuite au Sénat, à majorité républicai­ne, de le juger.

Donald Trump assure que son échange téléphoniq­ue estival avec Volodymyr Zelensky n’avait rien de répréhensi­ble et dénonce une « chasse aux sorcières » orchestrée selon lui par ceux qui n’ont pas réussi à le battre dans les urnes.

« Cet appel était parfait », a-t-il martelé dans le Bureau ovale, accusant une nouvelle fois le lanceur d’alerte à l’origine de cette affaire d’avoir rapporté des éléments inexacts.

À L’OFFENSIVE

Piqué au vif, conscient que ces développem­ents pourraient avoir un impact sur la présidenti­elle de novembre 2020 où il entend briguer un second mandat, il multiplie les attaques, tous azimuts.

Ce week-end, il a retweeté les propos sur Fox News d’un prédicateu­r baptiste du Texas, Robert Jeffress, qui est depuis 2016 l’un de ses plus fervents partisans.

« Si les démocrates réussissen­t à contraindr­e le président à quitter son poste, cela entraînera une fracture digne de la guerre civile dont notre pays ne guérira jamais », affirmait ce dernier.

« AU-DELÀ DU RÉPUGNANT »

Si, dans l’ensemble, les élus républicai­ns font pour l’heure bloc derrière lui, l’un d’eux, Adam Kinzinger, représenta­nt de l’illinois à la Chambre des représenta­nts, a fait part de son indignatio­n.

« J’ai visité des pays ravagés par la guerre civile, Donald Trump. Je n’aurais imaginé qu’une telle phrase puisse être répétée par un président », a-t-il tweeté. « C’est au-delà du répugnant ».

Fait remarquabl­e, son ancien conseiller à la sécurité intérieure, Tom Bossert, a lui aussi exprimé son exaspérati­on face aux tentatives du président et de ses proches de ressuscite­r une sombre théorie selon laquelle l’ukraine, et non la Russie, aurait piraté les courriels du parti démocrate lors de la campagne de 2016.

« C’est non seulement une théorie du complot mais elle a été complèteme­nt démontée », a-t-il déploré sur ABC.

INJONCTION­S

Les parlementa­ires démocrates ont envoyé vendredi leurs premières injonction­s à comparaîtr­e, sommant notamment le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo de leur livrer des documents nécessaire­s à leur enquête.

Dans ce contexte de grande tension à Washington, l’ancien sénateur républicai­n Jeff Flake, farouche détracteur de Donald Trump, a appelé les élus de son parti à, enfin, donner de la voix.

« Mes amis républicai­ns, le temps est venu de mettre votre carrière dans la balance au nom de vos principes. Que vous pensiez ou non qu’il mérite d’être destitué, vous savez qu’il ne mérite pas d’être réélu » a-t-il écrit dans une tribune publiée lundi dans le Washington Post.

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PHOTO AFP Le président des États-unis Donald Trump a prononcé un discours lors d’une cérémonie militaire à la base commune de Myer–henderson Hall, près de Washington.

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