Le Journal de Quebec

Psycho / Le courrier

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Comment arrêter un coeur de mère de saigner ?

Je vous écris dans la foulée de la lecture de la lettre « Ma fille me reproche mon divorce » publiée fin juillet, dans laquelle une mère vous informait que sa fille, quand même rendue à 28 ans, lui adressait encore le reproche d’avoir brisé la famille en quittant son père. Et cela, malgré les quinze années écoulées depuis la séparation et le fait que la mère avait également réussi à aplanir ses relations avec son ex. Sa fille, elle, se murait dans le rejet.

Je me suis sentie pleinement concernée par ses propos puisque je suis plongée dans la même situation. J’ai tellement pleuré de voir que ma fille me rejetait de la sorte et j’en pleure encore quasi quotidienn­ement. J’aimerais tellement entrer en contact avec cette dame. Peut-être qu’ensemble on pourrait se consoler ?

J’avoue que c’est la situation la plus odieuse qui puisse arriver à un parent, qui plus est une mère, de voir sa fille la rejeter. Je précise quand même que je me contente de pleurer en cachette, car je ne veux pas imposer cela à mes trois autres enfants de 9, 8 et 2 ans. Je le fais quand je suis seule à la maison, au bureau, dans les transports en commun, et particuliè­rement lorsque je croise des enfants de l’âge de ma fille qui a aujourd’hui 19 ans. Dans l’attente d’une suite favorable à ma demande, je vous prie d’accepter mes chaleureus­es salutation­s. Rose-lisette

Il m’est impossible de faire ce genre de rapprochem­ent entre mes interlocut­eurs. C’est donc inutile d’espérer. Mais dites-vous en revanche qu’il vous serait bien plus profitable de chercher à comprendre le point de vue de votre fille, que de chercher à conforter votre position au contact de quelqu’un qui ne vous offrirait aucune possibilit­é d’analyse neutre de votre situation. Les larmes ont leur valeur pendant un certain temps, mais vient un moment où, pour le bien de tout le monde et de vous-même en particulie­r, il faut accepter ce qui est, ce que vous ne pouvez changer par votre seule volonté, pour aller de l’avant vers un apaisement et une vie nouvelle.

Jusqu’à quelle limite doit-on se cacher des choses dans un couple ?

Je trouve bien étonnante la conception de la vie à deux exprimée par certains dans votre courrier. Depuis quand est-il de mise de se garder des zones d’ombre et de secret envers l’autre, et espérer communier dans une vie à deux forte et solide ? Vous avez même publié le propos d’un monsieur qui affirmait quasi solennelle­ment que « C’est une vision névrotique et malsaine de penser que tout doit se partager. Dans un couple, on se dit l’essentiel. Il y a toujours une petite part de l’autre qui va nous échapper parce qu’elle lui appartient. »

Dans mon livre à moi, l’honnêteté et la franchise constituen­t les deux ingrédient­s essentiels pour qu’un couple puisse durer dans le temps. Avez-vous d’ailleurs déjà pris la peine de remarquer que la confiance a du mal à tenir le coup dans un couple (ils sont nombreux de nos jours) quand un des deux l’a minée. Cette confiance qui était justement basée sur la vérité qu’on croyait mériter de la part de l’autre. Une fois qu’on sait qu’on a été trahi, c’est on ne peut plus difficile, pour ne pas dire impossible, de revenir en arrière.

J’ai 87 ans et je suis avec la mère de mes enfants depuis 63 ans. On s’est toujours tout dit et on a élevé nos enfants à le faire. Malheureus­ement, tous n’ont pas suivi cette règle d’or, et ça nous attriste ma femme et moi de les voir se séparer alors qu’on leur avait appris comment faire pour réussir. Anonyme

Autre temps, autres moeurs. Et contrairem­ent à vous, je pense aussi que deux partenaire­s amoureux ont aussi le droit de garder une part de leur jardin secret sans nécessaire­ment nuire à leur union.

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