Le Journal de Quebec

LOUISE DESCHÂTELE­TS

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Devrais-je céder à mon envie de renouer avec mon père ?

J’ai assisté il y a quelques mois à l’une de vos conférence­s dans laquelle vous aviez glissé que votre père avait été un délinquant. Ça m’a fait chaud au coeur parce que ça m’indiquait que nous avions quelque chose en commun. Mon père était un délinquant notoire, mais de qui je garde un souvenir impérissab­le, sans l’avoir jamais dit à ma mère, depuis qu’il a disparu du radar de notre vie de famille quand j’avais 7 ans. À partir de là, ma mère a cessé de parler de lui, et dès que j’y faisais allusion, je la sentais se raidir.

Près de cinq ans après son départ, un soir qu’on mangeait devant la télé, elle a poussé un cri en voyant la police arrêter deux hommes bien identifiab­les et liés au crime organisé. Je n’en dis pas plus de peur de trop en révéler. Mon père fut reconnu coupable et condamné à 15 ans de prison.

Ma mère est morte il y a trois ans et voilà que sur son lit de mort, elle a m’a avoué qu’elle n’avait jamais cessé d’aimer mon père. Il y a un an, j’ai su qu’il était sorti de prison. Depuis ce temps, et même si je sais que je ne dois avoir aucune espèce d’importance à ses yeux puisqu’il n’a jamais tenté de me revoir, j’ai une envie folle de prendre contact avec lui. J’aimerais ça savoir ce qu’il est devenu. Peut-être pourrais-je l’aider à refaire sa vie s’il a désormais choisi le bon chemin. Mon conjoint n’est pas chaud à l’idée, mais j’aimerais savoir ce que vous en pensez ? Anonyme

Je pense que l’opinion de l’homme qui partage votre vie est beaucoup plus importante que la mienne à prendre en compte et que vous devriez lui accorder plus d’attention avant d’aller de l’avant avec votre projet. Il serait important de peser sérieuseme­nt le pour et le contre d’une telle décision, et surtout de mettre en balance votre éventuelle réaction dans le cas d’un rejet de sa part de vous revoir. Comment le prendriez-vous ? Le ressentiri­ez-vous comme un second rejet encore plus difficile à accepter que le premier ? L’idée même de songer à l’aider à refaire sa vie dans le cas où il aurait choisi la voie de la légalité me semble également un tantinet trop romantique pour être réaliste.

Petit problème de conscience

Je suis toujours restée proche de mes enfants après le décès de leur père, car ils m’ont fortement soutenue dans mon deuil. Quand je me suis sentie prête à refaire ma vie avec quelqu’un, ils ont été solidaires de mon choix, même si le souvenir de leur père leur était cher. Ce qui n’est pas le cas dans toutes les familles. Je suis avec mon conjoint depuis quatre ans et nous filons un bonheur quasi parfait, si ce n’était de son envie, quand il prendra sa retraite en janvier 2020, de retourner vivre dans sa région de naissance, le Saguenay. Non pas que je n’aime pas ce coin du Québec au contraire, mais je ne me vois pas abandonner mes deux fils et leur famille ici à Montréal. Je ne sais plus comment lui dire ça pour qu’il comprenne, comme je ne me vois pas le laisser partir tout seul. Une femme

Ce n’est pas un bien gros dilemme que vous me soumettez là si vous pensez à tous les moyens électroniq­ues qui existent de nos jours pour rester en contact étroit avec vos proches, même à distance, comme l’internet, Skype et autres plateforme­s semblables. Surtout qu’en plus, le Saguenay n’est qu’à quelques heures de route de Montréal. Vos fils ont leur vie et vous avez la vôtre, ce qui peut facilement se concilier si, sans vous insulter, on ne se crée pas des montagnes avec des riens.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada