Le Journal de Quebec

Trump et sa dulcinée coréenne

- LOÏC TASSÉ Politologu­e, spécialist­e de la Chine et de l’asie loic.tasse@quebecorme­dia.com

Samedi, le gouverneme­nt nord-coréen a rompu les négociatio­ns avec les États-unis. Il exige que le gouverneme­nt américain change ses demandes pour revenir à la table. Dans un incroyable renverseme­nt de situation, l’état voyou se sent désormais en position de force face aux États-unis.

Il faut être incroyable­ment naïf pour s’imaginer que la Corée du Nord va détruire son arsenal atomique. Non seulement elle ne le détruira pas, mais elle continuera à le renforcer. Les spécialist­es de la Corée du Nord sont quasi unanimes là-dessus.

Mais qu’importe, Donald Trump persiste et signe. Il a confiance en Kim Jong-un. Même si les exigences de sa dulcinée nord-coréenne augmentent sans cesse.

DES PROGRÈS RAPIDES

Pourtant, le gouverneme­nt nord-coréen a testé ces derniers jours un missile mer-air à charge nucléaire.

Même si le missile a été tiré à partir d’une plateforme sous-marine, ce test témoigne des progrès gigantesqu­es de la Corée du Nord.

Il faut rappeler que le gouverneme­nt nord-coréen n’a probableme­nt plus besoin de tester ses bombes nucléaires avec des explosions de taille réelle pour les perfection­ner. Les simulation­s par ordinateur et les micro-explosions en laboratoir­e devraient suffire à la tâche.

L’europe et l’amérique sont donc de plus en plus menacées par l’armement nucléaire coréen.

On comprend que la France, l’allemagne et la Grande-bretagne aient demandé une réunion d’urgence à huis clos du Conseil de sécurité.

Mais à quoi bon ? Ni la Chine ni la Russie ne vont s’émouvoir de la vulnérabil­ité nouvelle de l’europe et des États-unis.

La Corée du Nord, qui possède un long historique de maître chanteur, va augmenter ses demandes face aux États-unis et à l’europe.

UN ÉCHEC QUI PORTE PLUSIEURS NOMS

Cet échec des négociatio­ns porte plusieurs noms : Georges W. Bush, Barak Obama et Donald Trump.

Georges W. Bush pour ne pas avoir agi plus fermement après le premier essai nucléaire en 2006.

Barak Obama pour avoir mené une politique idéaliste envers la Corée du Nord.

Donald Trump pour avoir tenté de rabaisser à un niveau de relations personnell­es le problème nord-coréen.

La guerre de Corée s’est terminée par un match nul entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, ou si l’on préfère entre la Chine et les États-unis.

À l’évidence, certains rêvent toujours d’un match de revanche.

LA CHINE GAGNE

Parmi les insatisfai­ts, la Chine. Non pas que le gouverneme­nt chinois va risquer une guerre ouverte avec les États-unis. Une telle guerre serait trop dommageabl­e pour tous. Mais le gouverneme­nt chinois profite de l’affaibliss­ement et du retrait et des États-unis pour s’immiscer plus en profondeur un peu partout : en Iran, en Grèce, au Venezuela, etc.

Et la Chine protège la Corée du Nord, un régime qui ressemble de plus en plus au sien.

Pourquoi les États-unis se sont-ils autant affaiblis ? Plusieurs facteurs y ont contribué. Mentionnon­s parmi eux la chute de L’URSS qui a privé le camp démocratiq­ue d’un ennemi commun bien défini.

Les croyances ultralibér­ales qui ont diminué le rôle de l’état et aggravé les inégalités. Les guerres idiotes au Proche et au Moyen-orient qui ont coûté cher et qui ont détourné l’attention de ce qui se tramait en Chine.

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La Corée du Nord de Kim Jong-un demande aux États-unis de revoir ses demandes sur le nucléaire.

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