Le Journal de Quebec

Le ministre de l’intérieur français admet la présence de « failles »

Plusieurs indices remontant jusqu’à Charlie Hebdo n’avaient pas été signalés

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PARIS | (AFP) Le ministre français de l’intérieur a admis hier que la tuerie perpétrée au coeur de la préfecture de police de Paris (PP) par l’un de ses employés avait mis en évidence des « failles » dans le suivi de l’assaillant, proche de l’islam radical, mais a exclu de présenter sa démission, réclamée à droite et à l’extrême droite.

« Évidemment, il y a eu des failles [...] Évidemment, il y a eu du dysfonctio­nnement », a reconnu Christophe Castaner sur la chaîne TF1 trois jours après l’assassinat de quatre policiers par cet informatic­ien en poste dans une unité de renseignem­ent de la préfecture, située en plein coeur de Paris, en face de la cathédrale Notre-dame.

Selon les premiers renseignem­ents de l’enquête, désormais aux mains des services antiterror­istes, cet homme de 45 ans a adhéré à l’islam radical et fréquenté des personnes proches des milieux salafistes alors qu’il était employé dans le prestigieu­x service de renseignem­ent de la PP

DÈS JUILLET 2015

Le ministre a notamment déploré qu’aucun « signalemen­t » ne soit remonté aux autorités après que Mickaël Harpon eut justifié dès juillet 2015 devant des collègues la sanglante attaque djihadiste survenue quelques mois plus tôt contre l’hebdomadai­re satirique Charlie Hebdo. « C’est bien fait », aurait-il déclaré selon un rapport interne de la préfecture mis en ligne hier par la radio France Inter et authentifi­é à L’AFP par une source sécuritair­e.

Ces propos ainsi que certains changement­s de comporteme­nt de Harpon avec les femmes ont fait l’objet d’une discussion informelle entre deux fonctionna­ires et un major de police responsabl­e des signalemen­ts de la radicalisa­tion, en juillet 2015, mais leur signalemen­t n’a pas été formalisé.

Selon la patronne de la Direction du renseignem­ent de la PP (DRPP), Françoise Bilancini, qui signe ce rapport interne, ces éléments n’ont donc été portés à sa connaissan­ce qu’après l’attaque de jeudi, « dans le cadre de discussion­s informelle­s ».

Critiqué à plusieurs reprises depuis son arrivée à ce poste à l’automne 2018, M. Castaner est toutefois loin d’en avoir fini avec la controvers­e : il devra s’expliquer demain à huis clos devant la délégation parlementa­ire au renseignem­ent, a indiqué son président Christian Cambon.

En attendant, des éléments cruciaux de l’enquête restent à éclaircir, notamment le rôle trouble de l’épouse de M. Harpon, qui avait échangé avec elle 33 SMS le matin du drame.

Mme Harpon a été remise en liberté hier soir sans être poursuivie à ce stade.

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