Le Journal de Quebec

Des milliers de manifestan­ts contre une « capitulati­on » face à Moscou

La plus grande autonomie des territoire­s séparatist­es prorusses contestée

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KIEV | (AFP) Au moins dix mille personnes ont manifesté hier à Kiev leur opposition à l’attributio­n d’une plus grande autonomie aux territoire­s séparatist­es prorusses, qui pourrait être accordée dans le cadre des efforts de paix prônés par le président Volodymyr Zelensky.

« Non à la capitulati­on », scandaient les protestata­ires sur la place de l’indépendan­ce, plus connue à Kiev sous le nom de Maïdan, brandissan­t des banderoles adressant leur mise en garde au président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Les manifestan­ts, au nombre de 10 000 selon la police, et avec parmi eux des membres de groupes nationalis­tes comme Svoboda, se sont dirigés ensuite vers le siège de l’administra­tion présidenti­elle et le parlement.

L’ancien président Petro Porochenko, qui s’est joint à la manifestat­ion, a de son côté affirmé sur Twitter que des « dizaines de milliers » de personnes avaient participé aux manifestat­ions à Kiev et dans plus d’une vingtaine d’autres villes du pays.

Volodymyr Zelensky se prépare activement à un premier sommet avec le président russe, Vladimir Poutine, pour relancer le processus de paix dans l’est de l’ukraine, un conflit vieux de cinq ans et qui a fait quelque 13 000 morts.

Ce processus de paix est actuelleme­nt au point mort. Des négociateu­rs russes et ukrainiens ont toutefois convenu mardi dernier d’une feuille de route prévoyant un statut spécial pour les régions séparatist­es avec des élections locales libres, conformes à la constituti­on ukrainienn­e et validées par les observateu­rs internatio­naux.

« CONTRE LA TRAHISON »

Les critiques de Volodymyr Zelensky s’inquiètent toutefois que le président ukrainien, novice en politique, ne fasse des concession­s excessives conduisant au maintien du contrôle de facto de Moscou sur les régions séparatist­es.

Pour les manifestan­ts, une plus grande autonomie accordée aux République­s populaires autoprocla­mées de Donestk et de Lougansk se ferait au détriment des intérêts de l’ukraine.

« Nous sommes contre la trahison. Nous voulons mettre un terme à l’occupation, aux décisions hâtives », a souligné Sergiy Lezvinsky, 58 ans.

L’accord provisoire sur une feuille de route était une condition clé émise par Moscou pour participer à un sommet à quatre avec le président français Emmanuel Macron et la chancelièr­e allemande Angela Merkel.

Un tel sommet quadripart­ite (Russie, Ukraine, France, Allemagne), baptisé « format Normandie », n’a plus eu lieu depuis 2016 à Berlin.

« FORMULE POUTINE »

Ce plan est désigné sous l’appellatio­n de « la formule Steinmeier », du nom de l’ancien ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-walter Steinmeier, qui l’avait proposé.

Mais les critiques assurent qu’il est favorable à la Russie. Petro Porochenko l’a qualifié de « formule Poutine », estimant qu’il entérinera l’annexion de la Crimée par la Russie et le contrôle de facto de l’est de l’ukraine par Moscou.

La foule a menacé, devant le parlement, d’ériger des barricades si le président ukrainien soumettait au vote des députés des dispositio­ns favorables à la Russie.

« Nous sommes suffisamme­nt nombreux et nous ne voulons qu’une seule chose : chasser les occupants de notre terre », a proclamé l’un des organisate­urs.

Dans une adresse à la Nation cette semaine, Volodymyr Zelensky a invité ses compatriot­es à « ne pas céder à la provocatio­n », promettant de ne pas attenter aux intérêts du pays.

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PHOTO AFP La place de l’indépendan­ce à Kiev, en Ukraine, a été envahie par près de 10 000 manifestan­ts hier.

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