Le Journal de Quebec

Justin Trudeau en panne d’inspiratio­n

- JEAN-DENIS GARON jean-denis.garon @quebecorme­dia.com Jean-denis Garon est professeur à L’ESG, UQAM

Il y a quatre ans, Justin Trudeau nous présentait un plan économique clair et structuré. On nous présentait une réforme de l’aide financière aux familles. Un plan pour taxer le carbone et pour restreindr­e la production pétrolière dans l’ouest.

Le PLC promettait la création d’une banque fédérale pour financer des projets d’infrastruc­tures. Et des déficits budgétaire­s pour aider à relancer une croissance économique en panne.

COURTISER LES ÉLECTEURS DU NPD

Ces derniers jours, j’ai lu et relu la plateforme libérale, cuvée 2019. J’ai épluché dans le détail le coût des mesures d’un éventuel deuxième gouverneme­nt Trudeau.

Le problème, ce n’est pas que ça ne s’équilibre pas. Ce qui me dérange, c’est l’absence de projet de société dans cette plateforme. On dirait que les penseurs libéraux, en panne d’inspiratio­n, ont laissé la place aux gens du marketing.

D’abord et avant tout, le plan libéral vise à attirer les électeurs moins fortunés qui ont tendance à voter pour le NPD.

Ce qui donne une panoplie de mesures clientélis­tes. Comme des baisses d’impôt aux familles à faibles revenus complèteme­nt aux antipodes de celles que Trudeau a octroyées aux riches pendant son mandat. Ou une taxe de vente aux produits de luxe, que les propriétai­res d’entreprise­s pourront assez facilement éviter. Ou encore une bonificati­on des primes pour les électeurs en régions éloignées. Ainsi que des primes aux travailleu­rs des régions éloignées.

POURQUOI AVOIR ATTENDU ?

En matière de fiscalité, le plan libéral compte cependant quelques mesures majeures.

Pendant son premier mandat, Trudeau a fait preuve d’un éclatant laxisme avec les GAFA. Sous la pression, le plan libéral 2019 prévoit une petite taxe sur ces grandes entreprise­s du web qui évitent l’imposition canadienne.

Le Justin Trudeau de l’entente Netflix est-il devenu un homme nouveau ? Certaineme­nt pas.

Le premier ministre sait qu’un rapport de L’OCDE, à paraître d’ici quelques mois, lui mettra de la pression pour qu’il bouge contre les GAFA. Prendre un peu d’avance lui permettra de sauver la face.

Sinon, Trudeau promet de taxer les résidences non occupées achetées par des étrangers. Vancouver et Toronto ont appliqué de telles taxes.

L’action du fédéral est bienvenue, mais la taxation foncière est d’habitude réservée aux provinces. Seront-elles compensées ?

DÉFICITS

Trudeau compte faire des déficits plus grands que prévu. Cependant, la dette demeurera stable par rapport à la taille de notre économie. Il ne s’agit donc pas d’un drame.

Cela dit, l’électorat accepte plus facilement les déficits récurrents dans des circonstan­ces particuliè­res.

D’abord, il faut un plan pour s’assurer qu’il n’y aura pas de dérapage en cas de récession. Le PLC n’en a pas.

Ensuite, les déficits peuvent servir à financer des infrastruc­tures en période de récession ou de ralentisse­ment temporaire. Ce n’est pas le cas non plus.

Au mieux, on peut accepter des déficits récurrents lorsqu’ils sont nécessaire­s pour faire de grandes réformes. Pour réaliser des projets de société.

Et cette fois-ci, le PLC ne nous en propose aucun.

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