Le Journal de Quebec

L’acharnemen­t anglophone

- DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecorme­dia.com

La nouvelle version proposée par Ottawa pour s’adresser aux citoyens en remplaceme­nt du « Bonjour-hi » pratiqué au Québec est « Bonjour-hello ».

Pendant ce temps, le ministre Simon Jolin-barrette a songé à interdire ce cri du coeur bilingue sur le territoire du Québec. Cela fait bien sûr hurler les anglophone­s et nombre de francophon­es d’un océan à l’autre. Cette idée a été écartée hier par le premier ministre François Legault.

Pour ne pas tomber dans la caricature, disons qu’interdire « Bonjour-hi » par une loi n’était pas l’idée du siècle. Le doué ministre responsabl­e désormais de la langue française devrait réfléchir avant d’utiliser des moyens légaux pour assommer des mouches du coche. À l’avenir, la défense du français et par extension de l’applicatio­n de la loi 101 devra se faire avec plus d’imaginatio­n.

Cependant, précisons ceci : les anglophone­s qui s’acharnent à vouloir contourner la loi 101 en officialis­ant le ridicule salut bilingue dans l’espace public québécois ne sont rien de moins que des pervers polymorphe­s, comme disait Freud.

INTOLÉRANC­E SOURDE

Ce « Bonjour », désormais « Hello », qu’ils souhaitent généralise­r prouve une fois pour toutes l’intoléranc­e sourde de trop d’anglophone­s, d’allophones et de francophon­es ayant des réflexes de colonisés, qui lèvent le nez sur l’unilinguis­me officiel au Québec. J’ai passé récemment une soirée avec une dame, bien sous tous rapports, qui a tenté de me convaincre de la bêtise d’interdire l’école anglaise aux francophon­es du Québec. « On vit au XXIE siècle », répétait cette Québécoise de souche en référence à son idole, Justin Trudeau.

Car les zélotes de la mondialisa­tion de l’économie et de l’abolition des frontières semblent croire qu’il y a une supériorit­é sociale à s’opposer à la « scélérate » loi 101.

Le mépris est une posture à la mode parmi les décomplexé­s, qui vantent une éducation bilingue déracinée d’un passé dépassé.

Sans surprise, Geoffrey Chambers, le président du Québec Community Groups Network, qui a l’outrecuida­nce de comparer le sort des Anglo-québécois à celui des francophon­es hors Québec, apprécie le « Bonjour-hello ». Cité dans La Presse, il déclare : « Cette politique est exactement ce que nous souhaitons. Un accueil dans les deux langues partout au Canada. »

HYPOCRISIE

Quelle hypocrisie que d’instrument­aliser ainsi les francos hors Québec ! Ce n’est pas un « Bonjour-hello » qui va assurer leur survivance. Ce sont des institutio­ns francophon­es et une garantie qu’elles ne seront pas malmenées par les gouverneme­nts provinciau­x successifs qui représente­nt leur meilleur espoir.

L’avocat Harold Staviss, cité aussi dans La Presse, souhaite une signalisat­ion routière bilingue au Québec, qui serait un geste de « courtoisie ». La politesse sert parfois d’argument léger. Car si l’on suit bien le raisonneme­nt de cet avocat, toute la loi 101 est une énorme impolitess­e à l’endroit des Anglo-québécois, donc logiquemen­t, il faudrait l’abolir.

Dès que les Québécois votent des lois pour protéger leur langue et leur culture distincte, ils risquent de se faire contester ces mêmes lois par les tribunaux. Par exemple, la loi 101 et la loi 21. En d’autres termes, ce « Bonjour-hi » exprime un refus de l’unilinguis­me français. Faut-il en conclure que le Canada n’accepte pas l’existence même du Québec francophon­e ?

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Trop d’anglophone­s refusent de reconnaîtr­e les droits francophon­es.

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